Pour la première fois depuis 24 ans, la gauche remporte l’élection présidentielle en France. De la rue de Solférino à la place de la Bastille, Hana Ferroudj, Reporter citoyenne à Stains, a suivi cette folle soirée. Ambiance, ambiance…

A 20h, une explosion de joie retentit rue de Solférino devant le QG des socialistes lorsque les militants aperçoivent à l’écran le portrait de François Hollande. Il aura fallu attendre 24 ans pour que, de nouveau, un socialiste soit élu à la tête de l’État. Élu avec 51,6 % des suffrages, François Hollande devient le 7e président de la 5e République. Les militants laissent éclater leur joie : embrassades et champagne en l’honneur du nouveau chef de l’État.

Devant le siège, un lâché de cotillons aux couleurs « bleu, blanc, rouge » est jeté en l’air sur la foule. « On a gagné, on a gagné… » Les cris de joie se mélangent aux klaxons des voitures. « Nicolas Sarkozy ne se préoccupait pas des gens qui souffraient, mais uniquement des riches », m’explique, ému, Jean-Pierre, un humoriste qui s’est habillé pour l’occasion d’un costume pailleté tricolore.

Pour immortaliser ce moment historique, les gens se prennent en photos. « Cette victoire est synonyme d’espoir et de changement pour tous les Français », me confie Alice qui tombe dans les bras d’une amie en clamant haut et fort : « C’est le plus beau jour de notre vie ! » Et d’expliquer : « Nous avons 27 ans toutes les deux et nous n’avons jamais vu la gauche gagner une élection présidentielle ». Elle affirme qu’elles vont toutes deux profiter de chaque minute pendant ces cinq ans à venir. Ce qu’elle attend ? « Un changement qui apportera une force nouvelle, une meilleure répartition des richesses, le retour à la croissance économique. Mais aussi le respect des libertés au quotidien et un État impartial, une vraie République morale et pas “bling-bling”» ! »

Tous sont venus avec une panoplie d’objets : pins’s, t-shirts, drapeaux, roses socialistes portant le slogan « François Hollande 2012, le changement c’est maintenant ». Anath, 26 ans, avoue avoir été séduite par la personnalité du nouveau chef de l’État : « C‘est un homme normal qui est près du peuple, il ne fait pas semblant. Il sera différent des autres présidents ».

La foule est si massive et compacte que certaines personnes, prises de malaise, sont emmenées par le Samu. Un important dispositif policier a été déployé pour éviter tout débordement. Certains essaient de se frayer un chemin pour se rapprocher de l’écran, d’autres grimpent sur des camions ou sur les feux de signalisation pour tenter de voir quelque chose.

Foula, 30 ans, est ravie de cette victoire : « Aujourd’hui, 6 mai 2012 est un jour à graver car les socialistes ont gagné et Sarkozy va enfin dégager ! ». La proposition qui lui tient le plus à cœur concerne le droite de vote des étrangers. Et elle tient à répondre à l’ancien président sur cette question : « Ce n’est pas parce qu’on est musulman et qu’on va voter qu’on va créer un communautariste. Il faut arrêter de faire l’amalgame entre les musulmans, le terrorisme et le communautarisme ! ».

Au même moment, Nicolas Sarkozy commence son discours, retranscrit sur grand écran, et la foule se met aussitôt à le huer. A chaque occasion, les gens crient en cœur « Sarkozy, c’est fini, Sarkozy, c’est fini ! » Des panneaux indiquent « Message pour Sarko : casse toi povr con ! »

Vers 21h, la foule se disperse pour mieux se retrouver à la Bastille et faire la fête en attendant l’heureux élu. Le métro a été fermé à 20h30, et beaucoup doivent marcher à pied de Solférino jusqu’à la Bastille. Mais rien ne peut altérer leur joie. Ils se mettent à chanter la Marseillaise pour se donner du courage : « Le jour de gloire est arrivé ».

A 21h30, la place de la Bastille est déjà noire de monde, certains ont carrément escaladé la statu, d’autres agitent les drapeaux de plusieurs pays : français, bien sûr, mais aussi algérien, ivoirien, irakien… Sur scène, de nombreux artistes ont répondu présents : Ridane, Anais, Axel Bauer, Yamina Benguigui ou encore Yannick Noah. Entre les chansons, les dirigeants du parti socialiste se succèdent pour féliciter les électeurs qui ont permis la victoire : Martine Aubry, Ségolène Royal, Benoît Hamon, Arnaud Montebourg et même Lionel Jospin.

A 00h45, François Hollande monte sur scène,acclamé par cette immense foule. Dans son discours, il remercie l’ensemble des électeurs : « J’ai entendu votre volonté de changement, votre espérance et votre force, et je veux vous exprimer toute ma gratitude. Merci, merci, merci, peuple de France d’être ici rassemblé aujourd’hui et de m’avoir permis d’être votre Président de la République ». Il tient à ajouter qu’il se sent « le président de la jeunesse de France ». Et il demande de continuer la mobilisation jusqu’aux législatives de juin 2012 afin de lui donner une majorité au Parlement.

En ce jour du 6 mai 2012, on pouvait voir sur le visage des électeurs qu’un espoir était né. Et il s’appelle François Hollande.

Hana Ferroudj

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