L’Assemblée des femmes a eu l’honneur d’introduire le Forum social mondial mardi dernier. L’événement a fédéré une majorité de femmes, mais aussi des hommes, autour de combats pour le droit des femmes. C’est en rythme et en chansons que toutes et tous ont réaffirmé leur volonté de continuer la lutte. Reportage.

Par Assa Diarra.

« So, so, so, solidarité ! Avec les femmes du monde entier ! », entonne l’assistance, enthousiaste. C’est dans une ambiance survoltée qu’a débuté l’Assemblée des femmes, ce mardi 24 mars. La violence, la parité dans le monde politique, économique et social, la discrimination et le racisme : autant de thèmes inscrits à l’ordre du jour. Des sourires accrochés aux lèvres des participants et des regards émus suivent les intervenantes qui offrent une belle démonstration d’énergie.

Africaines, Américaines, Européennes, Asiatiques : les « féministes » sont présentes dans toute leur diversité. Que des crinières coulent en cascade sur leur dos ou que des voiles recouvrent leur tête, toutes veulent prendre la parole ! Un évènement victime de son succès à en croire l’amphithéâtre bondé accueillant environ 900 âmes.

« Djihad » féministe

Les attentats du musée du Bardo sont évidemment dans toutes les têtes. Seule la minute de silence, réussira à faire taire une assemblée déchaînée. Des poings levés fendent les airs, des larmes traduisent une grande émotion, toujours palpable. Pour autant, insiste une étudiante tunisienne, les yeux dans le vague, « il faut regarder demain ». Le bruit reprend très vite ses droits. « Il faut s’écouter les uns les autres car ce ne sont pas les chants qui feront avancer le combat », rappelle une intervenante qui anime les discussions. Avec ses lunettes vissées sur le nez de cette dernière, « elle en impose », souligne un groupe d’amies, à moitié assises sur leur chaise.

De Itsel Gonzales, militante et activiste mexicaine, à la présidente de l’association tunisienne Women Dynamic, toutes font une ode à la solidarité. Cette dernière n’hésite d’ailleurs pas à employer le mot « djihad » pour faire référence à la lutte sacrée et pacifique des femmes pour leurs droits. Les intervenantes condamnent fermement les « féminicides » [ndlr : les femmes tuées parce qu’elles sont des femmes] et toutes les formes de rejet qu’elles subissent.

Sous un tonnerre d’applaudissements, Simone, une militante ivoirienne, déplore que les femmes soient les premières « victimes de la pauvreté généralisée ». C’est pourquoi elle considère que « la convergence de (nos) luttes est la porte de sortie », dans un monde où les femmes sont les premières victimes de violence. Jusqu’à 70 % d’entre elles, en fonction des pays, sont en effet confrontées à la violence physique ou sexuelle au cours de leur vie selon l’Organisation mondiale de la santé et l’Onu.

La politique n’est jamais loin…

« All women are free ! », tonne Gracia, militante « féministe et anticapitaliste » originaire du Mozambique, au son des derboukas. Difficile d’ignorer cependant les revendications d’autonomie des femmes sahraouies, venues en nombre dans cette foule en liesse.

Une intervenante maghrébine déclenche leur colère en ne faisant aucune référence explicite à leur sort. « La politique n’est jamais loin », chuchote un responsable associatif français à la femme qui l’accompagne. Comme un seul homme, les femmes sahraouies aux châles légers et colorés, se lèvent pour manifester bruyamment leur mécontentement. « Je vous le dis franchement, vous n’êtes pas en train de vous rendre service », lâche l’animatrice des débats, lasse que les échanges soient interrompus. Les discussions de fond sont en effet souvent couvertes par un trop plein de bruit pas toujours justifié.

Finalement, la musique reprend ses droits et adoucit les mœurs. En ce jour, en dépit des différences, il n’y a que des femmes et des hommes, tous « citoyens du monde », prêts à se dire « pour l’égalité, contre les violences ».

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