« Un Laurent Gbagbo épuisé, c’est possible. Mais ce qui est assez étonnant, voire choquant, c’est qu’il n’y a aucun son, hormis le commentaire du journaliste de cette télévision pro-Ouattara. Alors même qu’on voit très bien à l’image Laurent Gbagbo s’exprimer, manifestement répondre à des questions. (…) C’est extrêmement dommageable à la vérification de l’authenticité de ces images. » Tel est le commentaire du journaliste politique de France 24 Gauthier Rybinski, le 11 avril 2011, devant les premières images de l’arrestation de Laurent Gbagbo.

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Plus tard dans la soirée, il y a du nouveau : Laurent Gbago apparaît à l’image et prononce ces mots : « Il faut que cela cesse ». À la différence des images brutes de France 24, France 2 a fait le tri pour son JT. L’ex-président a l’air hébété, plein d’amertume, ne sachant pas ce qui lui arrive. Des images parfaites pour ce qui apparaît déjà comme la fin de l’histoire. Oui, car aujourd’hui où est-il ? Sera-t-il jugé ? Et par qui ? Seuls les plus curieux sauront. Comme cela apparaît bien moins spectaculaire, les grands médias ne suivent déjà plus l’affaire.

Monsieur Gbagbo a du sang sur les mains. Et une réputation de « rouler les autres dans la farine » dont il se vantait lui même. Il était au pouvoir depuis dix ans, avec encore de nombreux partisans après sa chute. Il résistait pour son pouvoir, pour son argent, mais aussi pour l’indépendance de son pays, toujours sous emprise économique de l’étranger. La France, en soutenant Alassane Ouattara, a également permis des dérives, le massacre de Duékoué et la chasse aux pro-Gbagbo notamment.

La Côte d’Ivoire est un pays riche en pétrole, en minerais, en cacao et en bien d’autres ressources. L’Occident consomme toujours plus, et toutes les grandes puissances ont un pied en Afrique, la Russie et les pays émergents sont de gros concurrents. La France ne veut donc pas perdre sa mainmise. Avec Alassane Ouattara, elle veillera à la renforcer.

Les médias ont-ils laissé à l’opinion publique le choix de se positionner ? Une fois que la majeure partie de la communauté internationale a pris parti, les médias l’ont suivie. Souvent de longs articles mentionnaient succinctement que la Russie, l’Afrique du Sud ou l’Inde n’avaient pas le même avis. On a su que ces pays n’étaient pas d’accord, mais on se demande encore pourquoi.

Les médias ont-ils expliqué que ces élections ont été organisées dans un pays en proie à une guerre civile depuis dix ans ? Comment auraient-elles pu se dérouler correctement alors que le nord du pays est soumis à la terreur de milices armées ? Seul Le Canard enchaîné nous a appris que la France fournissait en armes les rebelles de Ouattara depuis le début du conflit. La transparence, on l’attend toujours.

Ayann Koudou

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