EURO 2016. Étudiante en licence de droit à Amiens, Esra Aldag est une franco-turque de 19 ans, passionnée de football. Malgré sa double nationalité, elle a préféré soutenir la Turquie. Rencontre avec une 

Propos recueillis par Shehrazad Siraj.

Tu es franco-turque et grande supportrice de football. Quelle équipe soutiens-tu ?J’apprécie beaucoup le foot parce que cela permet de manifester la fierté de nos origines. Je supporte deux équipes, la France et la Turquie, mais j’avoue avoir un penchant pour la Turquie car il s’agit d’une part de moi-même. Ma mère, mes sœurs et moi disposons de la double-nationalité franco-turque.

Comment expliquer cette préférence ?
Je pense que c’est une affaire culturelle. Bien que je sois née et que j’aie grandi en France, je me sens plus proche de la mentalité turque que française. Je suis musulmane, du coup je pense que ça doit avoir une influence car la spiritualité est sûrement la chose la plus importante à mes yeux.

La Turquie est un pays laïc, comme la France. Trouves-tu des différences dans la façon de concevoir ce principe dans ces deux pays ?
Absolument ! Je trouve qu’en France, on a souvent tendance à nier la religiosité des individus, bien que cela puisse être une grande part de leur identité. En Turquie, que tu pratiques ou pas, on s’en fout. Je trouve que c’est plus tolérant qu’en France.

Pourtant en 1925, Atatürk avait interdit le voile et a instauré le principe de laïcité. Il est considéré comme le père des Turcs. Qu’en penses-tu ?
Atatürk a été un leader, il a combattu les Occidentaux pour la libération de l’empire Ottoman. Cependant, il a été contraint d’accepter une certaine influence européenne. Je pense qu’il avait proposé une telle décision pour que son peuple ne soit pas discriminé face aux autres pays occidentaux. En revanche, j’estime que chacun a sa vision de la religion et que l’on ne peut pas obliger un individu à avoir la foi du jour au lendemain.

En avril 1987, la Turquie a demandé l’adhésion à la Communauté Européenne, l’ancêtre de l’Union Européenne actuelle. Cette procédure d’adhésion est toujours en cours. Penses-tu que la participation de la Turquie à l’Euro 2016 puisse faciliter son adhésion à l’Union Européenne ?
Pas du tout, je pense que c’est impossible. Nicolas Sarkozy a d’ailleurs récemment affirmé que l’une des pires choses pour l’Union Européenne serait l’adhésion de la Turquie. De plus, je pense que la Turquie n’a pas besoin d’entrer dans cette Union Européenne. Elle peut gérer seule son territoire.

N’as-tu pas peur que l’Euro 2016 puisse entraîner du communautarisme avec des supporters très nationalistes ?
Malheureusement le football est lié aux opinions politiques des individus. On l’a bien vu avec les émeutes entre les communautés russes et anglaises. Le communautarisme peut influencer le football, mais doit être limité. Il ne s’agit que d’un jeu, bien qu’il soit très symbolique.

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