Le FSM, c’est aussi l’occasion de découvrir Dakar et ses activités. Et quand l’occasion d’assister à une rencontre de football entre l’équipe nationale et la Guinée se présente, nous en profitons. Dans une ambiance festive, le stade est chaud ! Vuvuzela par-ci, djembé par-là : tous les ingrédients sont réunis pour un bon match. Mais où sont les femmes ? Enquête auprès des supporters.
« Pour les femmes, fréquenter les stades n’est pas dans la culture africaine », affirme Mamadou, venu soutenir l’équipe du Sénégal. Mais quand on demande à une jeune supporter pourquoi il y a si peu de femmes au stade, elle nous invite à regarder les tribunes : il y a des filles, effectivement. Peu, mais il y en a ! Et accompagnées d’hommes. Ce n’est que quand nous interrogeons Oumou que nous comprenons : le football, pour beaucoup de femmes, est leur principal rival. Comme en France, nous diront certains, excepté qu’ici, elles « prennent plaisir à accompagner leurs hommes », poursuit-elle.
Alors que certaines se cantonnent à un simple rôle d’accompagnatrice, elles sont de plus en plus nombreuses à pratiquer ce sport, affirme Sénou Bounia, présidente nationale de la section féminine de football. « Il y a une centaine de filles membres », se félicite-t-elle avant d’expliquer qu’elles suivent de près les matchs nationaux et n’hésitent pas à se rendre à l’extérieur pour supporter leur équipe.
Si le football est rentré dans le cœur des Sénégalais, il est clair qu’on ne peut pas exclure les femmes. C’est ce qui explique qu’elles commencent à avoir de l’appétit pour ce sport et que les rencontres féminines se multiplient. D’où le succès de « Ladies’turn », un tournoi inter-quartiers qui vise à familiariser la population avec la pratique de football féminin à travers des rencontres dans plusieurs régions au Sénégal (la troisième édition s’est déroulée du 26 janvier au 4 mars).
Nous poursuivons notre enquête. Alors que de nombreux hommes soutiennent que la faible présence féminine au stade s’explique par leur manque d’intérêt mais aussi parce qu’elles ont d’autres « chats à fouetter » (cuisine ou éducation des enfants), nous sommes frappés par le témoignage d’un supporter : « La plupart des femmes ici ne sont presque que des journalistes ».
Ni une ni deux, nous nous lançons à la recherche d’une journaliste. Il ne nous faut que quelques minutes pour rencontrer Rouby Nian, qui travaille au quotidien sportif Le Stade. Elle nous confirme que la plupart des femmes présentes sont journalistes, car passionnées, et qu’elles sont de plus en plus nombreuses grâce à l’association des femmes reporters sportives.
La carrière des jeunes sénégalaises ne se résumerait qu’à devenir journalistes sportives, et non footballeuses professionnelles ? Faux, selon Adama Kandé, journaliste à 2STV. Il y aurait de plus en plus de femmes dans les stades depuis que le football féminin s’est installé au Sénégal. Ces dernières mettraient peu à peu fin au tabou lié à la religion. Certes, la plupart restent davantage attirées par les « télénovelas » et autres séries à succès, sans compter l’intérêt pour la musique. Mais pour lui, le fait que l’équipe nationale féminine commence à faire son chemin en Afrique va davantage pousser les femmes à venir.
Une chose est sûre, la donne a changé ! Entre femmes supporters et femmes reporters, le stade Léopold Sédar Senghor de Dakar n’a qu’à bien se tenir… Une recrudescence de paires de talons n’est pas à prendre à la légère : il est sur le point d’être envahi !