VIDÉO. Troisième et dernier volet de nos visites urbaines. Partis à la découverte de Grigny et de Viry-Châtillon dans l’Essonne (91), les reporters citoyens arpentent le célèbre quartier de la Grande Borne, rencontrent un champion du monde de boxe, explorent une grotte de coquillage… Avec toujours le même objectif : redorer l’image de leur ville.


Touristes à Grigny et à Viry-Châtillon avec les… par latelelibre

De Grigny la rebelle à Viry la douce !

“Grigny, ce n’est pas le Bronx ! Lorsque que j’entends certaines personnes dire qu’elles ont peur d’aller à Grigny parce que c’est dangereux, je n’ai pas l’impression qu’on me parle de la ville où je vis”, s’insurge Melissa. Classée “zone urbaine sensible”, Grigny est régulièrement médiatisée pour ses délits (vols, trafics, violence). Les peurs se focalisant sur la célèbre Grande Borne, un vaste ensemble d’habitat social construit en 1971. Le quartier regroupe 3 685 logements sur Grigny et Viry-Châtillon et forme un véritable labyrinthe urbain coupé du centre ville par l’autoroute A6. Un isolement qui concentre également un taux de chômage de plus de 26 %. Venue de Saint-Denis, Hélène avait “hâte de découvrir cette ville justement parce qu’on m’en avait parlé en mal”. Armée d’une méfiance certaine contre les préjugés, la jeune reporter voulait vérifier l’information sur le terrain.

A 23 km au sud-est de Paris, avec près de 27 000 habitants, Grigny souffre donc d’une mauvaise réputation. A la Grande Borne, Hélène est “impressionnée par l’état de la grande cité que nous avons traversé. À un moment on se demandait qui observait qui : était-ce les habitants qui regardaient derrière leurs rideaux ou bien nous qui les observions ? C’était un moment étrange…” Difficile de passer inaperçu dans ce désert urbain avec le groupe des reporters citoyens, muni d’une caméra…

Pour Djigui la réputation de la ville “porte préjudice aux Grignois qui doivent fournir deux fois plus d’efforts pour acquérir quelque chose. Si nous devons combattre constamment pour détruire cette image et prouver aux autres que nous sommes des personnes comme les autres, qu’il en soit ainsi…”, confie sagement le reporter citoyen local. Sans nier la réalité des problèmes, Melissa se désole un peu car il y a à Grigny des points positifs qui mériteraient d’être mis en évidence. C’est une ville multiculturelle et c’est un atout majeur”. “Le plus important pour nous était de montrer à quelle point les gens de notre ville bougent, investissent dans des tas de projets et font le nécessaire pour amener de l’animation”, insiste Djigui. En témoigne la visite du centre culturel Sidney Bechet qui propose à moindre coût, concerts, théâtre, cinéma, danse et arts plastiques, ou encore l’espace Nelson Mandela dédié à l’image, inauguré l’an dernier en plein cœur de la Grande Borne. “Je ne me doutais pas que la ville de Grigny investirait autant pour la culture et le bien-être des jeunes”, avoue Assa de Viry-Châtillon.

Philosophe, Djigui nous confie que “même s’il est parfois difficile d’y vivre, je suis content d’avoir grandi dans cette ville, cela m’a beaucoup appris sur la vie : des valeurs, une morale, une certaine solidarité, un sens de la débrouille et une volonté de fer. Bref, à donner le meilleur de soi-même dans la vie.”

Côté Viry-Châtillon, la ville voisine ne jouit pas de la même réputation, malgré sa partie commune à la Grande Borne. Ici l’aménagement du territoire est plus aéré avec ses nombreuses résidences, des problèmes socio-économiques moins importants et un taux de chômage à 9,6 %. “Chauvine, je suis fière de ma ville qui allie diversité culturelle, sociale, religieuse et vivre-ensemble”, assume Assa. Avec ses plus de 32 000 habitants, la ville se fait discrète.

S’il n’y a pas de fait divers brûlant à exploiter, les médias pour la plupart sont muets comme des tombes. La seule fois où il y avait eu un sujet cela avait été complètement raté. Il s’agissait d’un reportage dans l’émission “Sept à huit”, intitulé «Chronique d’une violence ordinaire» sur un de nos collèges, qui était à mille lieux de notre quotidien. Il y a une telle méconnaissance des villes de banlieues que les médias ont vite fait de tomber dans les clichés”, déplore Assa.

Après les critiques, place à la détente avec une longue et conviviale balade dans la ville. Quelques reporters citoyens se réfugient alors dans un petit coin un peu secret : une sorte de presqu’ile miniature où les arbres sont rois, la pelouse verte et le silence réel. Tout ça au milieu du beau lac de Viry !”, raconte Marius, originaire de l’Île-Saint-Denis.

Par Sabah Rahmani, coordinatrice de Reporter Citoyen

Pour plus d’informations,
contactez-nous !