osman

A Istanbul, Osman étudie les sciences et milite pour l’autonomie des Kurdes. Si en Turquie la cause de son peuple est loin d’être acquise, son combat reste enraciné au cœur de ses convictions. Rencontre avec un « guerrier » intello.

Par Hélène Aury.

Osman est un jeune Kurde de Turquie. Cela peut paraître un détail, mais c’est une précision d’une grande importance à ses yeux. Il est venu à Istanbul pour étudier la physique et la chimie. Derrière ses lunettes rectangulaires, son jean slim et sa chemise à carreau, il revendique son côté intello avec aisance. A l’université, nombreux sont ceux qui ont encore des appréhensions lorsqu’il parle de sa province d’origine, le Şırnak, connue pour un grand soutien populaire au PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan) et ses attentats.

Son engagement a débuté très tôt. Il se sent proche du PKK, participe à diverses manifestations depuis sa plus tendre enfance, mais n’a jamais voulu rejoindre la guérilla dans la montagne. « Je me considère plus comme un intellectuel et le PKK a autant besoin de personnes dans les montagnes que dans les universités », explique-t-il. A la fac il a donc rejoint un groupe de lecture proche du PKK et organise des actions de sensibilisation à la cause kurde. Il avoue à demi mot que la sensibilisation était « plus proche de la propagande que de la simple information ».

L’objectif principal du PKK est aujourd’hui la création d’une autonomie en Turquie, sur la même base que le Kurdistan irakien en Irak. Osman explique qu’à ses yeux, « il est urgent que les Kurdes soient considérés comme un peuple à part entière, ce qui passe notamment pas un véritable enseignement de la langue kurde dans les écoles. Pas comme aujourd’hui où le gouvernement tolère un enseignement partiel.»

En évoquant les manifestations de Gezi à Istanbul au printemps dernier, contre la politique d’urbanisation de ville, il explique qu’il ne voulait pas « les rejoindre, car il ne s’agissait tout d’abord que d’un petit groupe de personnes qui voulait protéger des arbres, alors que lorsque l’armée mate les manifestations au Kurdistan turc il n’y a pas de soutien à Istanbul ». Mais en observant l’évolution violente de la réaction du gouvernement, de la police anti- émeutes qui utilisait des moyens de plus en plus durs face aux manifestants, et la contestation qui s’est généralisée contre le premier ministre Erdogan, Osman a finalement rejoint le mouvement. Pour lui, l’image la plus forte de ces manifestations restera celle des nationalistes turcs manifestant aux côtés de nationalistes kurdes. C’était la première fois qu’il voyait cela.

Son rêve ? Il préfère parler « d’espoir car l’espoir est plus proche qu’un rêve. Le rêve reste une utopie…», confie-t-il avec réalisme. Il espère toujours que les négociations en cours entre le PKK et le gouvernement turc aboutiront à une égalité dans la constitution. Beaucoup plus terre à terre, l’an prochain, il espère pouvoir faire son doctorat en Allemagne.

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