C’est l’histoire d’une reporter citoyenne qui est sur le terrain des mots. Elle doit se faire petite avec les géants de l’association « Surfing 4 peace » qui tentent de promouvoir la paix dans le pourtour méditerranéen grâce à leur passion du surf.

Tandis qu’une vingtaine de surfeurs glissent sur l’eau, elle, rame avec les mots ! De Marseille à Biarritz, notre reporter va coucher sur papier, ce qu’elle voit, entend, sent et ressent. Et la partie est loin d’être gagnée ! 

Au boulot !
Noyée dans les mots ou dans le poisson ?

Chronique d’Assa Diarra. 

EPISODE 1 : Etre ou ne pas être… dans le groupe ?

Bon, on va se parler franchement : écrire un article peut s’avérer très difficile. Je ne vous apprends rien, non ?  Manque d’inspiration, de structure, les raisons ne manquent pas. Alors quand on fait partie d’un groupe et qu’on doit écrire sur ce même groupe c’est encore plus compliqué. Voilà comment j’ai tenté de surmonter les obstacles !

Première difficulté : prendre de la distance.

Eh oui, envisager un sujet avec la peur de s’enfermer dans une vision biaisée, partielle, c’est pas le top. Parce que faire partie d’un groupe implique des liens, un parti pris parfois. Et là, il faut apprendre en tâtonnant à se distancier de son sujet. L’importance doit être donnée à l’ensemble et non aux individus en eux-mêmes.

Deuxième difficulté : vivre l’événement sans se laisser submerger 

Bon là je vous entends d’ici « non mais elle exagère là ! ». Peace les amis. Je m’explique, pourquoi je dis qu’il faut vivre l’événement ? Quand on est en groupe, qu’on est dans un endroit sympa, on a envie de « prendre la température », discuter, rigoler pour restituer modestement et sincèrement ce qu’on a vécu. Mais attention on glisse très vite sur cette pente savonneuse qui s’appelle « hors sujet ». Bah oui on se laisse submerger, les idées se brouillent et le fil conducteur est perdu. Ah ce sacré fil conducteur ! On s’y consacrera dans une autre chronique… !

Troisième difficulté : ne pas s’inclure dans le papier

Cela n’a pas été ma plus grosse difficulté à vrai dire. Non non, je n’ai pas du tout dit que ça avait été une promenade de santé ! Ne pas s’inclure dans le papier, ça veut dire quoi ? C’est tout simplement ne pas se mettre en scène, car à ce moment précis on ne fait pas partie du groupe. Eh oui, on n’en revient à la distance, même si, il faut le dire, il y a une différence.

Voilà, voilà ! Bon, on a vu les écueils du reportage,  alors maintenant on se remet en selle pour d’autres sujets !

 EPISODE 2 : Les tribulations du reportage

Je suis de retour avec une nouvelle chronique ! Eh oui faut bosser un peu quand même ! Bon, je vais vous avouer une chose : la version initiale de mon tout premier reportage, hum hum comment dire… c’était pas ça mais alors pas ça du tout ! C’est simple, rien n’allait (sortez les violons !). Pour vous éviter de vous gourer comme moi, je vais vous parler des obstacles qui se sont dressés – bon je les ai bien aidé, soyons honnête – sur ma route et comment j’ai essayé de les envoyer valser !

Première difficulté : suivre la méthode du reportage

Bon, de manière générale, il faut être le plus rigoureux possible quand on rédige un papier (fayotte…). Non vraiment, je dis pas ça juste parce que ça fait bien mais parce que c’est une véritable aide ! Le reportage, plus que les autres papiers encore, demande d’être précis. On doit revivre l’instant, sentir les odeurs, voir les couleurs, entendre les bruits. Et pour faire revivre un instant immortalisé sur papier glacé, eh ben pas de secret, il faut appliquer la méthode !

Deuxième difficulté : apprivoiser le style du reportage

Je l’ai appris à mes dépens (ne faites surtout pas la même erreur que moi !!!), un reportage n’est pas un compte rendu ! Le premier est caractérisé par la vie qui l’anime. Donc, il faut réussir à transposer cette vivacité, l’enfermer au bout d’un stylo (plus facile à dire qu’à faire…). Bon autant vous dire, que j’ai d’abord été « complètement à l’ouest » comme on dit. Jusqu’à ce que WonderSabah  vienne à ma rescousse…

Troisième difficulté : se lâcher

Ok, j’avoue, ça peut paraître bizarre mais pas tant que ça (suspense…). Je sais pas pour vous, mais perso j’ai parfois une inhibition à l’écrit. Et on peut la multiplier par deux quand il s’agit de la première fois que je m’essaye à un genre. Je savais pas comment je pouvais dire les choses, si je pouvais utiliser des jeux de mots, des comparaisons, des métaphores comme je le voulais… Et finalement, il faut savoir faire ressortir son côté littéraire, créatif, loufoque, tout ce que vous voulez ! Vous devez juste faire une chose : prendre du plaisir !

Voilà, voilà chers lecteurs, ensemble nous allons,  je l’espère, esquiver tous les pièges que comportent la rédaction d’un reportage ! Maintenant, en scelle pour de nouveaux sujets !

EPIDSODE 3 : Quand les clichés tombent à l’eau !

Vous avez dit rêveuse
Vous avez dit rêveuse ?                            

On a tous des clichés. Eh oui, c’est nul mais c’est comme ça que voulez-vous. Eh, pas de panique, c’est pas une fatalité ! Une fois qu’on le sait, qu’est-ce qu’on fait ? A chacun de voir, mais pour ma part, je pense qu’il faut les détruire (radicale oui). Mais avant ça, il faut d’abord les identifier !

Voilà trois de mes clichés brisés d’un revers de planche grâce à mes rencontres cette semaine !

Premier cliché : les Méditerranéens sont bruns aux yeux marrons

J’entends déjà les huées (pas cool d’ailleurs) mais c’est pas grave, je vais continuer à être sincère avec vous. Bien sûr, je sais pertinemment que tous les Méditerranéens ne sont pas bruns aux yeux marrons. Mais quand même, inconsciemment, je dois avoir cette petite image que j’ai mise un beau matin dans mon cerveau.  A la vue d’Aleyna, surfeuse turque blonde aux yeux bleus, verts, gris (oui oui les trois je vous assure), j’ai été quand même surprise. Je me suis aussi sentie bien bête d’être surprise !

Deuxième cliché : les Israéliens ne veulent rien avoir à faire avec les Palestiniens

Dans mon imaginaire, étayé par les coupures de presse et visions fantasmées, tous les israéliens ou presque étaient farouchement opposés à l’idée de côtoyer un palestinien. Alors passer du temps avec, encore moins. Jusqu’à ce que je découvre les actions d’Arthur Rashkovan, co-fondateur de l’association Surfing4Peace et de ses acolytes dans le film God went surfing with the devil. Ils se sont investis comme jamais pour acheminer des planches de surf dans la bande de Gaza et permettre à tous de partager leur passion du surf.

Troisième cliché : les « mecs de quartiers » ne surfent pas 

Bon là, je vais commencer par une mauvaise nouvelle : cette affirmation n’est pas complètement fausse. Le surf se démocratise, mais le temps qu’il arrive jusque dans les quartiers… Il pâtit de son image de sport peu accessible. Mais tout de même, je me suis rendue compte que ce n’était pas complètement vrai non plus. Comment ? En rencontrant Mehdi, un surfeur franco-marocain, le genre qui vous captive par ses récits et envoie valser les préjugés avec force et humour. Il est le premier moniteur de surf diplômé venant de « cité » (c’est son terme) en France. Eh ben ça montre qu’on peut pas rester dans une représentation figée des choses. Et là, on est heureux d’avoir eu tort les amis !

Voilà, voilà ! Vous ne pouvez plus fuir ! Ces clichés-là, au moins, vous savez que c’est direction la poubelle ! Alors maintenant en selle, on fait d’une pierre, deux coup : on s’en débarrasse ET on apprend des autres !

Pour aller plus loin :

Voir le reportage de mes compagnons de galère, Marius et Jean-Philippe :
Et aussi le teaser du documentaire réalisés par Arthur Rashkovan : http://www.youtube.com/watch?v=7iAfzoqgsGc

 

THE END : Quand Assa ne surfe plus avec les mots…

Bon bah voilà, je crois qu’on y est là. L’aventure s’arrête ici. On range les planches et les combinaisons. Mais attendez, n’allez pas croire que dernier jour est synonyme de farniente. Non non, les sujets, il faut les assurer jusqu’au bout ! Mais, il faut être honnête tout de même, ce dernier jour qui a une saveur spéciale est plus détendu. L’envie de fêter ces rencontres plane dans l’air…

Pour ce dernier volet de la chronique, je vais vous dire, trois choses que cette semaine m’aura appris.

Première chose : une capacité d’adaptation

Je ne le dirai jamais assez pour l’avoir vécu cette semaine, il faut savoir S’ADAPTER ! Que ce soit au sein du groupe dont on fait partie, sur le terrain ou devant son ordinateur pour bosser. C’est indispensable si on veut être meilleure que la veille, avoir une attitude professionnelle et être productif (je crois que WonderSabah déteint un peu sur moi là). Ça passe par parler anglais avec les non francophones (à ce propos des cours serait pas de trop hum hum…), par être toujours prêt à partir, c’est-à-dire avec tout le matos qu’il faut et la tête opérationnelle et tout ça avec le sourire (je plaisante, même si c’est mieux avec !).

Deuxième chose : la gestion de ses émotions

N’allez pas croire du tout que nous allons faire de la philosophie de comptoir ! Non, je dis ça parce que a priori quand on pense journalisme, on ne pense pas tout de suite aux émotions, sentiments. Alors pourquoi je vous en parle ? J’y viens, j’y viens.  Il y a selon moi,  deux aspects.

Sur le terrain (ça fait bien de dire ça non ?), il faut être très réactif. Tout va relativement vite et une occasion ratée est une occasion perdue. Et puis, les choses se passent rarement comme on les avait prévu. C’est là que la gestion des émotions entre en scène. Il faut savoir garder la tête froide, son sang froid et on n’est pas tous égaux face à ça… Le mieux est de se mettre dans la peau d’une balle rebondissante (non, je ne suis pas sous l’emprise de substances illicites…) : être capable de rebondir à chaque fois. Si je dois vous donner mon ressenti, je dirais que ça n’a pas été la partie la plus compliquée pour moi. D’abord parce que j’ai eu une chance insolente : rencontres fortuites et enrichissantes qui tombent au bon moment… Ensuite parce que j’ai eu la possibilité et l’avantage d’organiser mon travail en fonction de mon rythme, et non l’inverse, tout au long de la semaine. Avoir du temps a été une source de pression en moins.

Durant la phase de rédaction : l’écrit a l’avantage d’avoir des contraintes moindres que la vidéo, où on peut être sujet à des problèmes techniques. Cependant, on peut avoir écrit un papier et se retrouver à le refaire dans son intégralité. Au delà, de la pression due à la volonté de mieux faire et à la publication, un sentiment d’échec peut facilement faire son apparition. Alors là, on se calme tout de suite et on prend du recul (oui encore une fois plus facile à dire qu’à faire…). C’est ce que j’ai décidé de faire lorsque j’ai dû refaire mon premier reportage plutôt que de me laisser miner par un ensemble de sentiments négatifs. Je ne dirais pas que j’y suis totalement parvenue mais je ne suis pas restée paralysée, c’est déjà ça. Il faut avancer et se bouger, parce que l’évènement n’attend pas !

Troisième chose : l’amour de la rencontre avec l’autre

Bon pour être honnête, j’ai toujours aimé aller à la rencontre des autres (et de leur cuisine aussi !). La curiosité sûrement, l’envie d’aller voir comment c’est chez le voisin. Cette immersion dans un groupe de surfeurs venus des quatre coins de la Méditerranée a donc été une expérience inoubliable. Dans ces moments, pas le temps de se demander si on est timide ou pas, et tant mieux je dirais ; il y a plus de spontanéité.

J’ai aimé avoir de longues discussions approfondies, dans un anglais approximatif, avec les uns et les autres. J’ai aussi aimé les connaître et apprendre d’eux. Oui c’est ça, la richesse des rencontres est assez incroyable (je sais ça donne envie) ! Savoir choisir un sujet, déterminer un angle, adopter un style, c’est bien, même indispensable. Mais je crois qu’il faut surtout aimer les gens. On passe souvent pour une personne naïve, idéaliste et ridicule quand on dit ça aujourd’hui. Eh bien, je persiste et signe les amis ! L’amour, c’est pas seulement se dire je t’aime 30 fois par jour, (dont 10 sur facebook et 20 par textos…). L’amour ça se vit avec son cœur, ses tripes et sa tête. Pas forcément besoin de désigner «un élu» de notre cœur, qui est assez grand pour laisser de la place à tout le monde. Bon je m’égare un peu mais je veux dire que l’amour se vit de différentes manières et que «l’amour des autres» c’est permettre à une personne de laisser une empreinte sur son cœur mais aussi sur sa tête. Et vous savez, je dirais même que, plus on aime les gens, plus on a de chances de réussir son papier surtout sur le terrain (ce n’est que mon point de vue…).

Alors voilà, voilà les amis, c’est fini, avec une pointe de nostalgie… On se remettra en selle, j’en suis sure pour faire des sujets toujours plus sympas !

Je tiens tout particulièrement à remercier les membres de l’association Surfer pour la paix et les surfeurs présents qui sont géniaux. Mais aussi mes compagnons de galère, Marius et JP, et Sabah sans qui l’aventure aurait été nettement moins chouette !

 

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