Original, volubile et actif, rien n’arrête Aka de-Charles Claude. Dans le quartier populaire de la Grande Borne à Grigny (92), il a fondé une association d’accompagnement social avec pour seul « subvention » : le bénévolat et la solidarité ! Portait d’un homme aux grandes ressources.
Par Assa Diarra
«L’éducateur de rue est la cheville ouvrière du quartier», telle est la devise d’ Aka de-Charles Claude qui n’a qu’une passion : son métier ! Directeur de l’association «Animation Sociale Globale de Proximité et d’Accueil Spécialisé» à Grigny dans le quartier populaire de la Grande Borne, il est éducateur spécialisé. Toujours en alerte, il prône un travail de terrain fondé sur la proximité avec les autres.
L’homme enthousiaste m’escorte dans une voiture vintage jusqu’au local de l’association. Volubile, il aime parler de son parcours, de son action auprès des Grignois : « Tu sais, il faut avoir le discours adapté et la capacité d’aller vers les autres », annonce t-il en griffonnant sur un bout de papier. Dans son bureau encombré de documents, l’homme aux dread locks d’une cinquantaine d’années se sent dans son élément, tout comme à Grigny. Il y travaille depuis bientôt vingt ans. « J’ai choisi de travailler sur le quartier de la Grande Borne comme éducateur de rue. J’ai pu connaître les jeunes et les comprendre, partager des moments pleins d’émotions et de proximité avec eux et leurs familles». Sa dérision et son écoute ont l’air de convaincre. Le téléphone sonne à plusieurs reprises et un grand nombre de personnes viennent le saluer.
Son parcours est aussi original que l’est son nom. Né en 1957 en Côte d’Ivoire, il y fait ses écoles et s’oriente vers l’armée , «j’ai été incorporé, appelé sous le drapeau et ça m’a plu ». Cela lui a valu son premier voyage en France pour une formation militaire à Pau. Un tournant majeur. Il y rencontre un missionnaire franciscain qui lui transmet sa passion pour les autres. De retour en Côte d’Ivoire, il raccroche la tenue militaire. Par la suite, il intègre une école d’éducateur spécialisé à Versailles. Face à une administration ivoirienne qui refuse de reconnaître son statut, l’Angleterre l’accueille durant huit ans. Même s’il s’y est « toujours senti étranger », il continue d’admirer « leur pragmatisme sur le plan professionnel, leur capacité à innover, même dans le domaine social ».
Ses yeux pétillent derrière ses lunettes transparentes lorsque l’on évoque l’association qu’il dirige. Il insiste sur le fait qu’il s’agit d’une des seules associations franciliennes à ne pas avoir de subventions. Cela rend plus difficile les actions mais chaque bénévole met la main à la poche. Et les actions sont nombreuses. De l’accompagnement administratif (démarches à la préfecture, à la mairie…) à l’accompagnement éducatif pour les « parents éloignés de la structure scolaire, qui ne parlent pas français », en passant par l’alphabétisation. Peu de place au repos. « Je suis aujourd’hui au RSA et l’association fonctionne comme ça avec des bénévoles. La passion me nourrit humainement mais pas sur le plan matériel. »
En évoquant la soirée de lancement de l’association Rev’elle toi qui a eu lieu le samedi 14 septembre à l’espace Nelson Mandela à Grigny, il salue la «courageuse et excellente initiative d’Haya Diakité », jeune grignoise de la Grande Borne. Euphorique, il préconise un travail main dans la main avec cette jeune association qui permettra de toucher « un public plus difficile d’accès à savoir les jeunes filles », conclut-il. C’est tout ce qu’on lui souhaite.