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Le 1er Salon du Dessin d’Alger s’est tenu au Musée d’Art Moderne et contemporain d’Alger du 27 janvier au 5 mars 2018. Il était possible d’y découvrir une vingtaine d’artistes. Un événement qui avait aussi pour but de redonner ses lettres de noblesse au dessin.

Quoi de mieux que l’art pour exprimer ses émotions, ses ressentis et sa perception du monde?  C’est en partant de cette idée que le Musée public nationale d’art moderne et contemporain d’Alger, dit MAMA, a accueilli du 27 janvier au 5 mars 2018, les dessins de vingt artistes algériens. Un mot d’ordre avait été donné pour ce 1er salon du dessin à Alger : « Dessinez vos desseins ».

Cette exposition proposait de mettre en lumière vingt artistes, âgés de 30 ans à 60 ans, originaires de tout le pays, diplômés de l‘Ecole Nationale des Beaux Arts d’Alger, Paris ou encore de l’Université de Pékin. Au total, une soixantaine d’oeuvres y ont été exposées.

Avec “Dessiner vos desseins” il est question de rendre visible des intentions, des opinions et des espoirs. Abelmalek Yahia plasticien et scénographe, vivant et travaillant à Alger,  proposait une toile sur l’existentialisme. Mehdi Djelil, de son nom d’artiste Bardi, nous invitait à rire de l’humanité en pointant du doigt ses perversions. Monia Mya Lasali, plasticienne et designer, focalisait son travail sur la situation des réfugiés, le poids de leurs souffrances et de leurs espoirs.


A travers cette exposition, « Dessinez vos desseins »,  les artistes ont eu carte blanche pour dessiner leurs interrogations. Dans la large salle d’exposition du Mama le visiteur pouvait donc trouver un panel divers et varié d’oeuvres traitant des problématiques du 21ème siècle.

Abdelmalek Yahia

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Ainsi Abdelmalek Yahia met en scène le tragique de façon poétique. Il est diplômé de l’Ecole supérieure des beaux-arts d’Alger, où il enseigne l’art plastique. Il expose depuis 1988 en Algérie, mais également à l’étranger.

Sur toile ou sur papier, il crée des scènes dans lesquelles il donne une dimension différente à des situations de guerre, transformant des images de villes en paysage apocalyptique.

Avec technique et précision, en noir et blanc uniquement, l’oeuvre nommée Ludisme montre un monde peu rassurant et pour le moins étrange. Il s’agit d’une représentation d’une ville bombardée ou menacée par le déchaînement des éléments, selon l’interprétation de chacun, dans laquelle l’homme apparaît sombre et englouti par son environnement. Une vision plutôt pessimiste de l’humanité.

L’artiste semble vouloir pointer du doigt le côté inquiétant de la direction prise par l’humanité. Abdelmalek Yahia exprime cela du bout de son pinceau dans des œuvres qui sont à la fois fortes et sombres.

Mehdi Djelil, dit Bardi

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A première vue plus gaies et moins angoissantes, les oeuvres de Mehdi Djelil, dit Bardi, né en 1985 à Makouda, lui aussi diplômé des Beaux-arts d’Alger, semblent moins sombres et plus lumineuses. Pourtant elles abordent elles aussi la thématique du conflit, mais de manière différente.

Du rose, du vert, du bleu, des couleurs gaies sont étalées sur une large toile blanche, mais toujours pour aborder un sujet sombre. L’artiste brosse le tableau de nos sociétés, menant une véritable réflexion sur ce que l’homme s’inflige à lui-même et à son environnement. La couleur serait-elle une façon pour l’artiste de tourner en dérision la faiblesse humaine ou de désamorcer le drame de la réalité ?

En plongeant dans ses toiles, on atterrit dans un monde pictural, peuplé de personnages, d’animaux et d’autres entités toutes grotesques, peintes par un regard moqueur. L’artiste semble dépeindre une société rongée par les ambitions, l’arrogance et l’orgueil. Mais on peut penser que l’artiste souhaite également redorer le blason de l’Homme, en lui attribuant sa bonté à travers un panel de couleurs qui s’entremêlent.

Monia Mya Lazali

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Quant à Monia Mya Lazali, elle aussi formée aux Beaux Arts d’Alger et à l’Université de Culture de Pékin, son travail se distingue par sa pluridisciplinarité. De la peinture, au graphisme en passant par le design, cette artiste compte à son actif des dizaines d’expositions solo, ainsi que des œuvres figurant dans des collections privées, un peu partout dans le monde.

Dans les oeuvres présentées au Mama elle aborde la migration. C’est sur le support peu conventionnel qu’est le placoplâtre, qu’elle utilise comme support, que l’artiste s’exprime. Sa peinture est le reflet de ses émotions personnelles, ses rencontres et voyages. Elle y pointe la souffrance des réfugiés par la représentation de silhouettes désarticulées qui semblent vouloir traverser un mur de fils barbelés.

Aujourd’hui Monia Mya Lazali vit et travaille à Alger. Ses oeuvres sont essentiellement axées sur une recherche autour de la thématique de l’africanité et les migrations. Tenterait-elle de nous souffler une nouvelle piste à suivre pour l’évolution de l’humanité ?

A travers les différentes profils d’artistes l’exposition proposait un aperçu d’une pratique intergénérationnelle du dessin algérien. Elle a permis de mettre en avant différentes oeuvres d’artistes originaires de tout le pays, qu’ils soient émergents ou confirmés et d’offrir aux visiteurs un panorama de la création algérienne.

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