Le tourisme n’est-il qu’une affaire de climats, de paysages, de cartes postales ? Au Sénégal, et plus particulièrement dans la région de Louga, on a décidé que non. Dans le cadre du projet « Jeunes reporters migrants », Justine (Boulogne-Billancourt) a découvert la réalité du « tourisme responsable ».
En se rendant à Louga, ville de 20 000 habitants et capitale culturelle du Sénégal, on peut choisir d’être un touriste pas comme les autres. Le Fesfop, association culturelle qui organise chaque année un festival de musique, développe depuis 2003 un circuit de ce qu’il appelle « tourisme responsable », et qui a pour but de montrer que les vacances sont aussi l’occasion de découvrir, de comprendre la culture propre à la destination choisie.
Pour ceux qui ont choisi cette voie – à ce jour des Italiens, Espagnols, Belges et Africains –, le programme ne comporte pas seulement piscine et farniente. Le séjour, qui varie entre dix jours et trois semaines, démarre au village d’accueil du Fesfop : on y participe à des temps choisis pour sensibiliser aux us et coutumes locaux, du déroulement des repas à la religion en passant pas les relations familiales. Tout ce qui est susceptible de créer de l’incompréhension est passé au crible pour nos routards responsables afin de les préparer à la suite du programme: l’installation au cœur d’une famille de Louga.
Elles sont aujourd’hui 17 à avoir été rigoureusement sélectionnées, puis sensibilisées aux coutumes de leurs hôtes, afin que l’échange ne soit pas gêné par les chocs culturels. Durant le reste du séjour, familles et touristes participent à des activités communes de découverte : cours de percussions, de danse, de théâtre…
Cheik Sarr, responsable du tourisme responsable au Fesfop, explique avoir tenu à ce projet parce que « l’acceptation naît de la compréhension ». Et ça marche ! « Les résultats dépassent nos espérances : non seulement les cultures se mélangent, mais des liens se sont créés dans la durée. » En sept ans, on compte cinq mariages entre hôtes et membres d’une famille d’accueil ; plusieurs jeunes Sénégalais se sont faits financer leurs études par d’anciens « touristes responsables » ; une salle informatique a aussi vu le jour grâce à leurs investissements…
Enfin, grâce à un système de rémunérations directes, ce ne sont plus les grandes chaînes hôtelières ou les villages de vacances qui engrangent les bénéfices de cette activité, mais bien les familles, la population. Quel meilleur arme dans la lutte contre la pauvreté et l’incompréhension que ce que Cheik Sarr appelle « le tourisme du cœur » ?
Justine Le Cor