Environnement et droits humains : même combat ! Directeur de la Division du droit environnemental et des conventions au Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), Bakary Kanté milite depuis plus de trente ans avec force et humour pour le développement humain. Rencontre avec « un visionnaire ».
Par Assa Diarra
« L’environnement est le capital du rural ! Si vous détruisez ce capital, la société tombe en faillite », affirme Bakary Kanté, Directeur de la Division du droit environnemental et des conventions au Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE). Le regard vif et malicieux, l’homme avenant, d’une cinquantaine d’années, a fait de la lutte pour la préservation de l’environnement et du développement humain son cheval de bataille. Depuis plus de trente ans, il fustige la définition « occidentale » de la pauvreté basée sur l’argent. « J’ai grandi au sein d’une famille de douze enfants, où l’on mangeait trois repas par jour, alors que mon père n’a jamais touché un seul salaire », raconte-t-il avec le sourire. L’accès aux ressources naturelles est donc pour lui le capital essentiel, puisqu’un pauvre en ville est finalement plus vulnérable.
Bakary Kanté est un homme brillant, dont le parcours scolaire est auréolé de succès. Major de sa promo, il refuse une bourse, qui lui est proposée pour aller étudier à la faculté de droit de Grenoble, préférant rester dans son Sénégal natal. Il obtient un master en droit public international à l’université de Dakar, puis un doctorat en sciences environnementales, des études dont il garde un bon souvenir à en juger par son air enjoué. Il considère qu’il faut « apprendre à se connaître » et toujours « saisir les opportunités ». Après quinze ans comme Directeur de l’environnement et de la protection de la nature au Sénégal, il intègre en 1999 les Nations unies. Un travail de longue haleine sur l’accès aux ressources, la lutte contre la détérioration de l’environnement naturel et le développement humain. On le décrit comme une figure importante. « Une grande fierté de l’Afrique ! », s’exclame son ami Abdoulaye Sene, président fondateur du Think Tank International Global Local Forum.
Lors du 5ème Forum mondial des droits de l’Homme, consacré au lien entre développement durable et droits humains, Bakary Kanté fait preuve d’une grande simplicité et d’un franc-parler incisif. L’humour n’est jamais loin, à l’image de la plaisanterie qu’il adresse à son ami Abdoulaye Sene, à l’ouverture du forum, en arborant un superbe boubou maure et un chapeau nigérien, lui si habitué aux costumes-cravates. Homme tourné vers l’avenir, Bakary Kanté veut laisser un héritage aux générations futures. Même s’il n’hésite pas à dénoncer les problèmes, il refuse d’accuser qui que ce soit : « Quand vous pointez votre doigt sur quelqu’un, vous avez trois doigts pointés vers vous même… ». Préférant faire un bilan pour trouver des solutions « pérennes ». Les yeux pleins de lueur : « Je veux aussi laisser quelque chose à l’Afrique qui m’a tout donné », confie-t-il. Comme un enfant, il parle de son rêve et évoque son projet Africa sustainability center, une initiative pour mettre en place des actions concrètes adaptées aux besoins locaux. Et comme un père, il n’hésite pas à donner conseil aux générations futures : « Allez à l’école, apprenez et créez quelque chose ! »