Au 23 boulevard Jacques Copeau, à Sarcelles, il y a un petit bazar, un restaurant lounge et un bar qui devient, le temps d’un événement, un lieu de rencontre entre auteurs et habitants quand l’association Biblio’Tess s’y installe.
Par Myriam Attaf
Créée en Novembre 2016, Biblio’Tess est une association qui met livres et banlieue à l’honneur. A l’origine de ce projet, Hocine Radjai et Touté Inan, deux militants associatifs trentenaires, motivés par l’envie de « libérer la parole » et de « créer des débats au milieu des quartiers.»
Alors que l’association souffle bientôt sa première bougie, elle a organisé six rencontres dans le café sarcellois et en prépare une septième.
« Une ambiance à la bonne franquette »
C’est en se rendant dans un festival toulousain, dans le quartier des Izards que Hocine Radjai a un déclic. « Un chapiteau était installé au milieu du festival et un homme assis y présentait un bouquin. Le chapiteau était rempli de personnes différentes, tout était silencieux et tout le monde était touché. »
L’homme sous le chapiteau c’est Mourad Benchellali qui a écrit « Le piège de l’aventure. Des Minguettes à Guantanamo. » . Il sera le premier invité à échanger avec les Sarcellois autour de son roman. Suivront Lassana Bathily, le jeune malien de 27 ans, connu pour avoir caché des otages lors de l’attentat de l’Hyper Casher, ou encore le journaliste et écrivain Nadir Dendoune venu parler de quatre de ses livres.
Un choix d’auteurs qui n’est pas anodin. Hocine Radjai tient à ce que des personnes issues des quartiers populaires racontent leur histoire : « Il faut que le public présent puisse s’identifier à l’auteur. Alors, on essaie de faire venir des auteurs venus de la banlieue ou qui peuvent évoquer des événements qui ont marqué la France. »
Évoquer des événements qui ont marqué la France, se rencontrer… tout cela dans une ambiance conviviale, propice à l’expression de toutes les opinions : « Je voulais que le côté institutionnel disparaisse. On est vraiment là à la bonne franquette. L’important c’est de donner confiance aux gens qui sont dans la salle. »
« Le goût de la révolution »
Avant de se lancer dans l’aventure Biblio’Tess, Hocine Radjai était déjà engagé dans la vie associative de sa ville. Tour à tour organisateur de concerts ou employé pour une maison de l’emploi, le besoin de mener des actions sociales a toujours été fort pour lui : « J’ai été imprégné de l’histoire de mes parents, de mon quartier et des anciens. Depuis tout jeune, j’ai le goût de la révolution, qu’elle soit cubaine ou algérienne. Quand tu es comme ça, tu as envie d’agir. »
Alors, avec son amie Touté Inan, il décide de faire de la littérature un outil au service du dialogue : « Pour les gens qui aiment lire, un livre est quelque chose de précieux. Pour ceux qui n’aiment pas ça, c’est comme s’approcher d’une flamme de gazinière. C’est un peu mystique, un livre. (…) La culture c’est le meilleur moyen pour débloquer la parole et un bouquin, c’est intergénérationnel. »
Si Hocine a toujours a toujours apprécié la littérature, il ne se considère pas comme un intello : « Je ne suis pas un mec qui dévore les livres, mais un livre ne me fait pas peur. Si il me plait je vais le terminer et m’enrichir grâce à lui. »
S’enrichir grâce aux romans, belle raison d’être d’une association qui a encore plein d’histoires à faire connaître. La prochaine rencontre aura lieu le 11 novembre avec Hanane Charrihi, auteur de “Ma mère patrie”. Avis aux amateurs !