angladeHaïti. Fils de ministre, Camille Chalmers, président du PAPDA (Plateforme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif), a choisi sa voie et s’est engagé corps et âme pour la défense des paysans haïtiens.

Par Anglade Amédée

« Poursuivre le combat de Jean-Jacques Dessalines, leader de la Révolution haïtienne, le combat pour l’émancipation des peuples, le combat pour construire des fraternités contre ce qui est dominant aujourd’hui : le capitalisme ». C’est l’appel que lance Camille Chalmers, président du PAPDA (Plateforme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif), à tous ceux que le gouvernement haïtien délaisse. Un discours qui contraste avec ses origines.

Camille Chalmers est né et a grandi dans une famille bourgeoise et politisée de Haïti. Son père était le ministre des Affaires étrangères du « régime de terreur » de François Duvalier. Un régime très puissant à l’époque qui commettait des massacres, des exécutions, des pillages… et sous lequel les gens ne pouvaient pas revendiquer leurs droits. Dès son plus jeune, il s’intéresse à la politique. Confronté à la répression exercée par les « tontons macoutes », son regard change, sa conscience critique s’éveille. Son père remarque sa tendance pour le socialisme et tente de le dissuader.

A quinze ans, un évènement tragique bouleverse sa vie. L’exécution par le régime de deux militants communistes, en représailles à la guérilla déclenchée par les mouvements paysans en 1969, près de Cabaret au nord-ouest du pays. L’un d’eux est le père de son meilleur ami. Le drame déclenche la révolte qui bouillonnait déjà en lui. Il engage sa première action militante contre le régime auquel son père participait. Il publie avec un ami un journal clandestin intitulé « Travayè Kanpe », ce qui signifie « Debout Travailleurs ». « Mon compagnon et moi, nous nous précipitions chez un voisin entre deux heures et quatre heures du matin pour dactylographier nos articles et les imprimer en mode de stencil. C’était toute une histoire », se souvient-il, en riant. Ce journal amplifie la voix des leaders paysans et intellectuels communistes qui critiquent les abus du pouvoir et dénoncent les violations des droits.

Déçu par ses choix politiques, son père essaie de le convaincre de renoncer. En vain. Son appétit pour la lutte des paysans et l’émancipation vers une vraie justice ne cesse de grandir. Aujourd’hui, Camille Chalmers voit en son père un intellectuel, tolérant et très ouvert, mais aussi un homme traversé de contradictions éthiques : « J’étais très choqué qu’il accepte la logique globale de dictature en dépit de sa culture et de ses principes ». Lui a fait un autre choix, être aux côtés des délaissés, et il s’y tient.

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