Le 28 novembre 2010, le second tour des élections présidentielles en Côte d’Ivoire opposait Alassane Ouattara à Laurent Gbagbo, président sortant. La commission électorale indépendante (CEI) de Côte d’Ivoire qui, d’après l’article 2 de la loi portant sa création, est chargée de « l’organisation, de la supervision et du contrôle du déroulement de toutes les opérations électorales (…) et de la proclamation provisoire des élections présidentielles dans un délai de trois jours à compter du jour des élections (puisque la proclamation définitive relève exclusivement du Conseil Constitutionnel) » n’a pas proclamé les résultats provisoires en temps et en heure. Le conseil constitutionnel, de droit, est intervenu et a déclaré vainqueur le Président sortant qui, selon la CEI, était défait.
Pourquoi les Occidentaux sont-ils intervenus alors que la Côte d’Ivoire dispose de ses propres institutions ? La forme de cette affaire n’ayant pas été à l’encontre des dispositions prévues dans le code électoral ivoirien, quel intérêt, si ce n’est la guerre, pour l’Onu et la France de reconnaître Alassane Ouattara président alors que le Conseil constitutionnel de l’Etat concerné, conformément à ses compétences, déclare le contraire ? Pour Nelly, jeune française d’origine ivoirienne, « le fait que Laurent Gbagbo soit l’un des seuls Africains à tenir tête aux Occidentaux y est pour quelque chose ! »
Mais qu’importe. Les deux hommes qui s’opposent n’hésitent pas à faire des embargos sur les médicaments et la nourriture en provenance de la France, quitte à nuire à la population, l’essentiel étant le pouvoir !
J’ai, au début de la crise politique ivoirienne, soupçonné la « presque guerre » d’être une conséquence du fait qu’Alassane Ouattara soit de confession musulmane et Laurent Gbagbo, chrétienne. Or, du chef d’entreprise à la jeune maman en passant part le cuisinier, tous les français d’origine ivoirienne avec qui je me suis entretenue m’ont expliqué que l’appartenance religieuse n’est qu’une influence parmi d’autres sur le vote. Tous ont fini par dire que ce conflit n’aboutirait qu’au départ des deux antagonistes dans le meilleur des cas, ou au partage du pouvoir entre les deux dans le pire des cas ! J’ai fini par me faire à l’idée : il y a la religion, il y a l’appartenance ethnique. Certes. Il y a surtout des dirigeants qui veulent un salaire qui ne connaît pas la crise dans un pays aux ressources naturelles riches. Ce sont eux les seuls responsables de la situation ivoirienne : en quête de pouvoir, ils n’ont fini par ne voir pas plus loin que le bout de leurs trônes.
Nombreux sont les hommes politiques qui pensent que, sans eux, un Etat ne peut pas fonctionner. Comme si Dieu n’avait doté que leurs têtes de cerveaux. Et pour accéder à la magistrature suprême, ils sont prêts à mettre en péril les besoins de toute une population. Cela ne leur profite pas forcément : voyez comme Barack Obama a doublé la quantité de ses cheveux blancs en six mois de présidence !
Fatoumata Diallo