C’est connu : le monde économique a soutenu la campagne d’Emmanuel Macron, avec des hommes d’affaires tels que Xavier Niel (fondateur de Free), Marc Simoncini (créateur de Meetic et du site En Marche) ou encore l’économiste Jacques Attali. Mais le candidat bénéficie aussi du soutien de leaders associatifs. Rencontre à Cergy-Pontoise et Mulhouse.

Par Moussa Wagué

Emmanuel Macron entretient des relations avec le monde associatif et la banlieue. Le 5 février 2016, alors qu’il était encore ministre de l’Economie et des finances, il avait ainsi participé à « Fiers de nos jeunes talents ! », un événement organisé à Bercy par Mozaïk RH, le cabinet de recrutement fondé par Said Hammouche, surnommé « le Directeur des ressources humaines des cités ». Le but de cette initiative était de faciliter l’accès à l’emploi pour les personnes issues des quartiers sensibles et de la diversité, en permettant aux mille jeunes présents de décrocher au moins un entretien de recrutement dans la journée.

Si Emmanuel Macron arrive à bénéficier d’une popularité auprès des banlieues et des associations, c’est notamment dû à sa volonté de sortir du bipartisme qui régule la vie politique en France. Président de l’association Initiatives pour la promotion de la diversité (Iniprod), Ibrahima Keita (à gauche sur la photo) était jusque récemment engagé à gauche :

« Face à la parole raciste qui commençait à se libérer, je trouvais insupportable le silence coupable de la gauche, notamment celui du PS, explique celui qui est aussi le président de SOS Racisme à Cergy-Pontoise. La Gauche qui est sensée incarner l’antiracisme n’était pas au rendez-vous. Cela a été l’une des raisons de mon départ du Parti socialiste ».

Président de Projection Contribution Citoyenne, à Mulhouse, Annouar Sassi (à droite sur la photo) lutte pour la réussite scolaire dans les quartiers difficiles et pour que les jeunes s’approprient les questions de citoyenneté. L’arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy le pousse à s’engager politiquement. En 2014, il rejoint l’UDI. « Mais je n’avais pas rejoint ce parti pour qu’il se rapproche d’un Sarko Bis », explique Annouar, qui quitte l’UDI en 2016, au moment des Primaires républicaines, parce qu’elle se rapproche de la droite filloniste.

Les deux présidents d’association ne se reconnaissaient donc plus dans les partis traditionnels quand Emmanuel Macron a fondé le mouvement En Marche ! « Lorsque j’ai quitté le PS, je constatais que la gauche et la droite étaient similaires, explique Ibrahima Keita. J’ai été séduit par cette nouvelle offre politique qui n’est ni à gauche, ni à droite. » D’autant plus qu’Emmanuel Macron s’était opposé à la déchéance de nationalité proposée par Manuel Valls. « Il n’a pas fait la queue. Il avait une opportunité et il l’a saisie. Il a la volonté de travailler avec les gens, quels que soient leurs partis », insiste Annouar.

Lorsqu’on critique leur candidat sur son passé de banquier ou sur les liens qu’il entretient avec le monde de la finance, tous deux affirment qu’il n’est pas le seul banquier à avoir été dans la politique, citant Georges Pompidou. Mais surtout ils préfèrent encore avoir quelqu’un issu du secteur privé plutôt que quelqu’un qui a passé toute sa vie dans la politique et qui ne connaît pas les réalités du secteur privé.

« Dans les quartiers populaires, l’État est absent, ce qui nous pousse à trouver des solutions alternatives comme l’entrepreneuriat, poursuit Annouar. Dans le fond, il n’y a pas plus libéral que les quartiers populaires. »

Un point de vue que nuance Ibrahima : « Dans les quartiers difficiles, l’entrepreneuriat peut être une solution pour avoir un travail. Cependant, tout le monde ne peut pas entreprendre. Le taux d’échec sur trois ans est élevé ».

Mais, globalement, tous deux considèrent que les solutions proposées par Emmanuel Macron sur l’entrepreneuriat peuvent faciliter l’insertion des jeunes de quartier, notamment le droit à l’erreur dans les démarches administratives, c’est-à-dire le fait de ne pas être sanctionné dès le premier « oubli administratif ».

Pour eux, la politique libérale que le candidat d’En Marche ! propose se justifie par rapport au contexte actuel qui nécessite plus de flexibilité face à la libéralisation. « Ce qu’il faut ce n’est pas d’avoir un emploi protégé, mais d’être protégé. On peut s’inspirer des systèmes des pays scandinaves », souligne Annouar.

D’ailleurs, selon eux, on oublie trop souvent l’aspect social du projet d’Emmanuel Macron, avec des mesures comme l’exonération de la taxe d’habitation, la possibilité de toucher des indemnités après avoir démissionné ainsi qu’une protection sociale pour les entrepreneurs. Il propose aussi une politique de la ville plus favorable aux quartiers populaires comme une aide sur trois ans pour les entreprises qui recrutent. « Les gens considèrent qu’il sera au services des puissants, alors qu’il essaye de trouver un équilibre entre les différentes classes », conclut Annouar.

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