Croyez-le ou non, il existe des rapaces atypiquement parisiens. Il faut se lever tôt le matin pour observer des nids de faucons crécerelles, sous les conseils avisés des ornithologues du Centre ornithologique Ile-de-France. Jumelles obligatoires.
7h45, parc Ulysse-Trelat, au sud de Paris. Trois ornithologues du Centre ornithologique Ile-de-France (Corif) nous attendent afin de nous transmettre un peu de leur savoir au sujet des rapaces. Le rendez-vous était très matinal, mais peu importe : notre envie de découvrir les faucons crécerelles était si grande qu’on avait hâte d’y être.
Les trois spécialistes – Emmanuel du Chérimont, Michel Granger et Pierre Delbove -, des passionnés, connaissent tous les détails de ce petit oiseau. « La crécerelle est une petite espèce d’oiseau de proie agile, de la famille des falconidés. Sa taille est d’environ 30 cm de longueur pour une envergure de 75 cm. Ses yeux sont noirs, la femelle a une queue rousse. Quant au mâle, la tête et la queue sont gris ardoise », expliquent-ils.
Le faucon crécerelle pratique le « vol battu », le « vol plané » et, en action de chasse, un vol caractéristique, stationnaire à battements d’ailes rapides dit le « vol du Saint-Esprit ». Ce mode de chasse le distingue de la plupart des autres oiseaux prédateurs. Cela lui permet de repérer aisément ses proies, comme depuis un poste d’observation en hauteur. L’espèce peut ainsi chasser à l’affût, même en l’absence d’arbre ou de point élevé.
A Paris, en 2012, environ 30 nichés ont été recensés, ce qui est conséquent. Ces rapaces ne construisent pas leurs nids eux-mêmes, ils utilisent de vieux nids ou nichent dans des cavités qu’offre la ville.
Les observateurs ne négligent pas l’aspect économique. En effet, fin gourmet de rongeurs, le faucon peut être une solution de substitution au raticide toxique employé dans l’agriculture, par exemple.
Pendant leurs explications, depuis le parc, nous voyons un nid, avec un jeune de 24 jours, selon les experts, qui réclame. Avec des jumelles, nous repérons sa mère faisant le guet depuis le toit d’un immeuble voisin, tandis que le père chasse.
Néanmoins, nous ne restons pas longtemps, car se sentant observé, le mâle pourrait ne pas rentrer de sitôt. Ce faucon est une espèce protégée, donc nous les observons avec délicatesse. Et le Corif, qui a pour mot d’ordre d’étudier, sensibiliser et protéger la nature veille à la préservation de cette espèce. Malgré leur vocabulaire technique, nous apprenons beaucoup sur le mode de vie et la capacité de certains rapaces à s’adapter à l’environnement urbain.
La faune parisienne est bien plus riche que nous ne l’avions imaginé !
Samir Benguennouna