Militant de l’association pour la justice et la paix en Ouganda, Alfred Avuni a organisé une discussion sur le trafic humain lors d’un atelier du FSM. Selon le site du ministère français des Affaires étrangères, chaque année, 2,5 millions de personnes seraient victimes de la traite humaine dans le monde. Un problème qui devient une réelle menace en Ouganda.

Par Atouma Diarra

Alfred Avuni tire la sonnette d’alarme. Pour ce militant du Centre pour la paix et la justice en Ouganda, le trafic humain ne cesse d’augmenter dans son pays. Rien que pour l’année 2014, on a recensé 385 victimes. Dans la petite salle qui rassemble une vingtaine de personnes, les regards sont consternés.

Le réseau se développe grâce à la pauvreté et la misère qui ne fait que progresser. Alfred Avuni pointe du doigt le problème : «  C’est la vulnérabilité qui fait le terreau du trafic humain. » La nécessité de trouver un travail pour vivre est le moyen par lequel certains Ougandais tombent dans « les mailles du filet », affirme le militant.

Un esclavage déguisé

Le procédé est le même dans tous les pays touchés par la traite. Le trafic d’êtres humains se cache très souvent derrière des offres d’emploi. La promesse d’une vie meilleure, ici ou ailleurs, et l’étau se resserre. De nombreux recruteurs travaillent pour des entreprises.

Des fabriques à esclaves, prêtes à tout pour se faire de l’argent. D’autres sont des individus isolés, conscients des fruits à tirer du commerce d’êtres humains. Une fois qu’ils ont accepté, les recruteurs confisquent les papiers d’identité des victimes, persuadé que le futur esclave ne pourra s’enfuir…

« Toute personne est une cible potentielle », explique Alfred Avuni. Il sauve des hommes, des femmes et des enfants âgés de 10 à 35 ans. Parfois plus. Les recruteurs ratissent large afin de répondre à des demandes variées et nombreuses. Beaucoup sont vendus comme travailleurs domestiques.

D’autres comme esclaves sexuels ou recrutés pour des activités illégales comme le trafic de drogues. Ils deviennent alors généralement des rebelles, des soldats qui se battent contre l’État auquel ils refusent de se soumettre.

Un commerce florissant

La filière a aussi du succès à l’international. Ils sont nombreux à être envoyés dans un pays étranger. Intimidés, maltraités et isolés, on apprend aux victimes à mentir devant tout officier. Les esclaves deviennent des invisibles, difficile à identifier.

Horrifiée par le discours qu’elle vient d’entendre, une jeune étudiante tunisienne souhaite s’impliquer. Une femme qui combat le trafic humain, elle, préconise de sensibiliser les personnes autour d’elle. En Allemagne où elle travaille, de nombreuses tunisiennes vendues pour être mariées sont secourues chaque année.

L’atelier est une prise de conscience sur ce qui se passe en Ouganda et dans plusieurs pays dans le monde. Alfred Avuni se bat avec d’autres associations pour interdire cette pratique.

Dans le débat, les autorités ne seront que très peu remises en cause alors même qu’en 2009 un scandale mettait en cause un officier de l’État qui avait vendu des jeunes filles en Irak…

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