Comme beaucoup, les membres de l’association Attac France ne se satisfont pas des résultats du premier tour de l’élection présidentielle et appréhendent ceux du 7 mai. Plus que jamais, l’association reste mobilisée. Entretien avec Annick Coupé, secrétaire générale d’Attac France.

Propos recueillis par Houria Mabrouk

Pourquoi n’avez-vous donné aucune consigne de vote dans la déclaration qu’Attac France a publié au lendemain du premier tour de l’élection présidentielle ?

Nous sommes une association. Par définition, on ne trace pas de frontière comme dans un parti politique. Pour autant, la position qu’a prise le bureau de l’association est à l’échelle nationale, à partir de ce que l’on connaît de la réalité d’Attac. C’est une position qui dénonce à la fois le contenu du programme de Marine Le Pen et celui d’Emmanuel Macron mais qui dit aussi clairement que, dans le contexte actuel, la pire des situations serait Marine Le Pen.

A-t-il été difficile de prendre position ?

Nous avons commencé à préparer notre communiqué en amont, avant le premier tour. Il y a bien sûr eu des débats. Mais a priori cette position fait consensus dans l’association aujourd’hui. Nous aurions préféré avoir un autre choix au second tour, mais nous sommes obligés de faire avec la réalité telle qu’elle est aujourd’hui, avec le rapport de force qui s’est exprimé dans les urnes. Malheureusement, nous n’avons pas le pouvoir de changer cette situation dans l’immédiat. En tout cas, ce qui est clair pour nous c’est que Marine le Pen ne doit pas arriver au pouvoir.

Attac se résigne-t-elle à l’arrivée d’Emmanuel Macron ?

Nous connaissons bien Macron. Il a été ministre de François Hollande et il a défendu des politiques qui favorisent la finance. La lecture de son programme montre qu’il est favorable à la déréglementation fiscale. Il attaquera certainement les acquis sociaux, il prône des mesures antisociales, sur le code du travail notamment. Si on le laisse faire, il adoptera une politique qui ne sera pas favorable aux salariés, aux chômeurs et aux précaires. Avec Macron comme président, il faudra rester fort, nous rassembler et nous mobiliser pour le faire reculer sur ses projets.

Se mobiliser contre Emmanuel Macron est-ce plus simple que contre Marine Le Pen ?

Marine Le Pen a déclaré que, du fait de l’état d’urgence en France, il ne devrait pas y avoir de possibilité de manifester. Si elle est élue, la mobilisation risque donc d’être extrêmement difficile. C’est là, pour moi, le principal danger. Le Front National fera tout pour qu’il n’y ait plus de mobilisation populaire. Par ailleurs, Marine Le Pen se prétend la candidate du peuple, mais son QG de campagne se trouve rue Saint-Honoré à Paris. Tout un symbole. Médiapart rapporte également que l’un de ses avocats a aidé à l’évasion fiscale de Jérôme Cahuzac. Marine Le Pen est enfin empêtrée dans des affaires de fraude fiscale. Entre le discours qu’elle tient, son histoire politique et les mesures qu’elle compte prendre, elle ne se positionnera donc pas non plus contre la finance.

Pensez-vous que les adhérents d’Attac réussiront à voter pour Emmanuel Macron ?

La majorité des adhérents d’Attac vont mesurer les risques avec Le Pen. Beaucoup iront voter pour son adversaire, non pas par adhésion ou pour le soutenir mais parce qu’ils voient bien ce qu’il peut advenir avec l’élection du FN. Quel que soit le résultat nous allons amplifier nos actions dans les semaines et mois qui viennent. Attac se mobilise déjà contre les banques et les multinationales, nous le serons d’autant plus en cas d’élection du candidat d’En Marche !

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