COP22. Les hammams écologiques, chauffés grâce à des déchets verts, font progressivement leurs apparitions au Maroc. Visite d’un établissement pionnier dans un quartier populaire de Marrakech.

Par Senem Kose.

Dès l’entrée au hammam Mamouski, chaleur, bien-être et accueil nous plonge dans l’univers des sensations orientales. Au cœur d’un quartier populaire à vingt minutes du centre ville, nous découvrons l’un des premiers hammams écologiques de Marrakech.

Si le hammam est une tradition partagée par toute la société marocaine, il consomme beaucoup d’énergie : 3 millions de tonnes de bois émettant 4 millions de tonnes de CO2 par an, sans compter 100 litres d’eau chaude par jour. Le Hammam Mamouski, fait parti de ceux qui veulent éviter ce gâchis. « C’est parce que nous avions de plus en plus de mal à trouver du bois au Maroc que l’idée est née », raconte Mehdi Khaldoun, responsable du hammam.

A 7h du matin, Lahcen Ben Hassoun, est toujours le premier arrivé pour mettre le four en marche. Heureux de nous faire découvrir les secrets de la nouvelle recette pour chauffer les hammams, il nous emmène vers une petite manufacture, derrière l’entrée principale. On y observe des systèmes de recyclage d’eau et des chaufferies durables modernes. Et c’est avec surprise que nous constatons des résidus de noyaux d’olives qui servent à alimenter les chaudières et ont remplacé le bois. Plusieurs fois dans la journée, ces déchets végétaux vont chauffer l’eau des bains et des murs des salles.

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Cette source de biomasse riche en énergie est mélangée avec des coquilles d’argan ainsi que des déchets végétaux et agricoles biodégradables. « Avec ce système nous avons constaté une réduction de combustible de 60% et une baisse de la consommation en eau. Cependant, un travail sur la sensibilisation des consommateurs est à revoir car 100 litres d’eau chaude sont consommés par jours« , explique Mehdi Khaldoun. « On a aussi voulu garder l’ancienne architecture et changer uniquement la modernisation de la façon de chauffer le hammam« , ajoute-t-il.

Pour éviter toute forme de gaspillage, les employés ont eu l’idée d’utiliser les cendres de la chaufferie. Au pied de l’appareil, Lahcen nous montre un bac où les cendres encore chaudes « servent à faire cuire les plats traditionnels tels que le tajine« , explique-t-il. Très enthousiaste, il nous fait ensuite visiter le toit du hammam, équipé d’un plancher chauffant et de panneaux solaires qui alimentent les chaudières.

« La manière de chauffer le hammam a changé et les clients apprécient, car cela a aussi un impact positif sur leur confort« , confie Mehdi Khaldoun. En effet, si l’ancien système consistait à envoyer de la fumée sur le sol, laissant de l’air sous le plafond, le nouveau système permet d’éliminer toute possibilité d’inclusions d’air : c’est ainsi que le hammam est chauffé plus régulièrement, automatiquement et avec beaucoup de précision.

Un confort supplémentaire qui n’a pas de répercussion sur le coût du hammam. Les prix d’entrée n’ont pas changé et le hammam reste accessible à 12 dihrams (1,10 €). Une aubaine pour ce quartier populaire, où l’usage du hammam est une pratique habituelle pour les femmes comme pour les hommes.

Après la rénovation de son premier hammam, qui lui a coûté 100 000 €, Mehdi Khaldoun a rénové quatre autres hammams cette fois subventionnés par diverses organisations privées françaises et marocaines[1]. Avec le projet « Hammam Durable », d’autres projets ont été réalisés à Casablanca, Rabat, Meknès et à Marrakech. Il y en a très peu à Marrakech, mais cela commence à se faire connaître, notamment pendant la COP22 où des visites du hammam Mamouski ont été organisées. Un exemple qui compte se propager dans tout le pays.

[1] IRESEN (Institut de recherche en Energie solaire et énergies nouvelles), FFEM (Fonds Français pour l’environnement mondial), GERES (Groupe énergies renouvelables, environnement et solidarité) et ENSEN (énergie solidarité environnement).

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