Oussama Ferchichi est un jeune tunisien qui croit en l’avenir de son pays. A 21 ans, cet étudiant en troisième année de psychologie est animateur d’une web radio locale, située au coeur d’un quartier populaire de Tunis.
Par Mélissa Burkler
« Je suis un amoureux du microphone ! », déclare avec humour, Oussama Ferchichi animateur engagé. C’est pour cette raison qu’il n’a pas hésité à s’investir dans le projet de la webradio Sawt Ibn Khaldoun, « un espace d’écoute et d’échange qui donne la parole à ceux qui ne sont pas entendus ». L’étudiant, qui vit à Tunis, se sent bien intégré dans ce quartier populaire de la capitale. Il y côtoie les habitants au quotidien en allant à leur rencontre. C’est cette proximité avec les gens qui l’intéresse particulièrement. « Sawt Ibn Khaldoun, c’est la voix de la cité. Il s’agit d’une radio de jeunes qui a pour mission d’instaurer une culture du dialogue. En s’intéressant à la vie quotidienne des habitants du quartier, on apporte un reflet de la réalité», explique-t-il. Les thèmes abordés sont variés : pollution, chômage ou encore traitement des déchets. Pour l’animateur, « la radio valorise les actions menées dans la cité en les mettant en lumière. Cela peut inciter des gens à plus s’investir dans la société ».
A l’heure où de nouvelles pages de l’histoire de la Tunisie sont en train de s’écrire, Oussama regrette que la jeunesse tunisienne ne soit pas davantage présente. Il soulève un paradoxe. « Les jeunes ont apporté la Révolution, mais pourquoi ce sont les vieux qui la conduisent ? », s’interroge-t-il en dessinant avec le doigt un point d’interrogation dans l’air. « La jeunesse tunisienne a beaucoup de potentiel mais elle manque d’initiative. En Tunisie, les problèmes sont en partie liés à la citoyenneté. On a tendance à penser qu’il suffit de voter. Mais non… la citoyenneté, c’est une lutte quotidienne », soutient-il. C’est une des raisons pour lesquelles il œuvre auprès des jeunes en les encourageant à s’engager. Pour lui, il est essentiel que les jeunes travaillent ensemble pour bâtir une nouvelle Tunisie, sans se laisser diviser par des divergences politiques. «Si on travaille main dans la main et qu’on s’unit pour faire valoir nos droits, on peut faire des choses bien», précise-t-il.
Depuis la Révolution, des progrès ont été faits en matière de liberté d’expression. Malgré tout, un long chemin reste à parcourir. Oussama insiste sur la nécessité pour les tunisiens de « continuer à se battre pour arracher [leurs] droits ». Très impliqué dans la société, c’est avec vigueur que le jeune homme se déclare féministe. Il défend la cause des femmes qui lui tient particulièrement à cœur. Il milite au sein de l’AFTURD, l’association des femmes tunisiennes pour la recherche sur le développement. Il estime qu’en tant qu’homme, il est important de s’engager pour le droit des femmes « qui sont trop souvent bafoués ». L’animateur pense qu’à l’instar des jeunes, les femmes ont beaucoup à apporter à la nouvelle Tunisie. « Je crois en la femme tunisienne » dit-il. Son modèle, c’est sa mère. « Elle m’a éduqué en m’inculquant des valeurs qui font qu’aujourd’hui je prends mon rôle de citoyen très au sérieux ».
Souriant et un brin blagueur, le jeune animateur ne manque pas d’ambition. Quand on l’interroge sur son futur, c’est le sourire aux lèvres qu’il confie qu’il se verrait bien travailler pour les Nations Unies !