Dans les prochaines semaines, l’Onu va rendre sa décision sur la création d’un état palestinien suite à la demande de Mahmoud Abbas à New York le 23 septembre. Sur le terrain mais aussi en France, de petites associations ne relâchent pas leurs efforts pour soutenir le peuple palestinien. Gros plan sur l’une d’elles, Les Amis du Théâtre de la Liberté, qu’Hana (Stains) a rencontrée le 10 septembre dernier au forum des associations de Bobigny.

A peine arrivée au Forum des associations, une femme dynamique m’interpelle pour me faire signer une pétition. Elle s’appelle Marie-José Elhaimer, elle est chirurgien-dentiste et co-dirige l’association « Les Amis du Théâtre de la Liberté », créée en 2008. En me tentant la feuille, elle me voit un peu perplexe au début. Elle m’explique les raisons de cette pétition en me racontant l’histoire d’un homme nommé Juliano. En quelques mots, elle réussit à attiser ma curiosité.

Réalisateur et comédien, fruit de l’union entre une Israélienne et un Palestinien, Juliano Mer-Khamis a repris le flambeau en 2006 en recréant à Jénine (Palestine) le Théâtre de la Liberté que sa mère Arna avait fondé auparavant. Cette initiative permet de proposer aux jeunes du camp de réfugiés palestiniens des cours de théâtre, de cinéma, de dessin et d’informatique. Un cours d’art-thérapie est aussi destiné aux enfants qui ressentent le besoin d’exprimer leur souffrance à cause de l’occupation israélienne ou de la perte d’un membre de leur famille. Marie-José me montre les dessins des enfants exposés sur le stand et qui décrivent très bien leur quotidien. Car Jénine est l’une des villes occupées « la plus isolée et opprimée des territoires palestiniens ».

Marie-José me confie une anecdote, confiée par une jeune femme qui donnait les cours d’art thérapie : « Les enfants qui venaient au Théâtre de la Liberté n’arrivaient plus à rire ». D’où l’importance de ce cours pour redonner le goût de rire et les aider à garder un peu de leur innocence d’enfants ou leurs esprits d’enfants.

Juliano est mort le 4 avril 2011 laissant derrière lui sa femme et des jumeaux, ainsi que son théâtre orphelin. Lors de son assassinat, il se trouvait dans sa voiture devant son théâtre en compagnie de la nounou de ses jumeaux, âgés alors de 18 mois. Il a reçu plusieurs balles qui l’ont tué sur le coup. Les personnes qui se trouvaient dans la voiture avec lui ont survécu.

Une troupe de huit jeunes, âgés d’une vingtaine d’années, est venue en juin et juillet à Grenoble, Paris et Caen. De retour à Jenine le 17 juillet, ils ont vu l’armée israélienne attaquer le théâtre, saboter la porte et l’intérieur, puis emmener l’un des accompagnateur de la tournée et l’administrateur. Ils ont été incarcérés par l’armée israélienne et sont accusés du meurtre de Juliano. « Durant trois semaines, il n’ont pas pu voir leur avocat », raconte Marie-José. Autorités israéliennes et palestiniennes mènent toutes deux l’enquête sur cet assassinat. « Mais nous ne savons toujours pas pourquoi il a été tué », confie Marie-José.

À la suite de ces arrestations, le théâtre a été une nouvelle fois attaqué le 22 août. Depuis, il a fermé ses portes. L’association se bat aujourd’hui pour faire connaître cette histoire à un maximum de gens afin de faire signer cette pétition qui permettra d’interpeller les pouvoirs publics.

Hana Ferroudj

Juliano Mer-Khamis (photo Budoms, creative commons)

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