A Gennevilliers, Jean-Luc Mélenchon a remporté 47% des suffrages au premier tour de l’élection présidentielle. Un score aux allures de plébiscite… qui a laissé place à une grande déception face aux résultats nationaux.
Par Myriam Attaf
« Faire en sorte que Mélenchon réalise son meilleur score à Gennevilliers, c’était le pari affiché par le maire Patrice Leclerc. Et on a réussi », se réjouit Grégory Boulord, infirmier et maire-adjoint de la ville. Les chiffres en attestent : Jean-Luc Mélenchon est arrivé en tête des suffrages avec 47,09%. Attablé à la terrasse d’un café du centre-ville, l’élu local est rejoint par Niels, 17 ans, pas encore en âge de voter mais décidé à faire entendre sa voix.
Tous les deux ont un point commun : ils se sont engagés dans la campagne du leader de la France insoumise. Un choix évident, tant la ville est attachée aux idées de la Gauche : tous les maires qui se sont succédé depuis 1934 sont communistes. Le succès s’explique aussi par un travail de longue haleine des militants. Une double campagne a été menée à Gennevilliers : l’une par la France insoumise, l’autre par le Parti communiste. Pour les militants, le plus important était de se faire entendre : « On est parti à la rencontre des habitants. On a organisé des agoras sur les marchés populaires, sur la place Jean Grandel, dans le quartier des Grésillons… », explique Grégory Boulord.
Les Gennevillois se sont montrés très réceptifs au programme de la France insoumise : « J’ai rejoint le mouvement il y a quelques mois, explique Ahem, une physicienne médicale. Avant, je n’étais pas politisée et c’est en lisant le programme de Mélenchon que j’ai décidé de m’engager ». Les jeunes – 42% de la population a moins de trente ans – étaient très intéressés. « Je me suis rendu dans un foyer étudiant à Timbaud et j’ai parlé avec des jeunes du nucléaire, de l’écologie… on a eu de vrais débats de fond », se souvient Niels.
L’engouement était fort. Grégory Boulord livre une anecdote : « Parfois on passait des extraits de discours de Mélenchon et les gens venaient parce qu’ils pensaient qu’il était là ! »
Car, comme le reconnait Niels, le charisme du candidat est aussi pour beaucoup dans la réussite de la campagne : « Si le programme n’avait pas été porté par Mélenchon, il aurait été plus difficile de le faire entendre ».
Le 23 avril, quand les résultats sont tombés, c’était la douche froide. « A quelques jours du premier tour, on avait ressenti un énorme espoir, mais là c’est retombé », déplore Niels. Malgré l’élimination de Mélenchon, la fierté subsiste :
« Son élimination a été une grosse déception mais on est fier d’être à Gennevilliers… la ville qui a voté le plus massivement pour Mélenchon », tient à préciser Ahem.
Même si leur champion n’est plus dans la course, les Gennevillois restent déterminés, un autre combat les attend : « Les habitants des banlieues ont un vrai réflexe de faire barrage à l’extrême droite… mais c’est encore plus prégnant à Gennevilliers. » Et pour lutter contre les idées du Front national, l’adjoint au maire est prêt à mettre un bulletin dans l’urne en faveur d’Emmanuel Macron, un candidat loin de défendre ses idées : « Je ne vais pas voter pour Macron : Je vais utiliser un bulletin Macron pour contrer le FN. » Une décision prise à contre cœur mais nécessaire selon Niels : « Imaginons que Marine Le Pen fasse 40% à Gennevilliers : ce serait une catastrophe ! »
Un drame que les militants veulent empêcher : « Avant, on oeuvrait pour que Gennevilliers soit la ville dans laquelle Mélenchon ferait son meilleur score. Maintenant, notre objectif, c’est de faire en sorte que Marine Le Pen ait les plus mauvais résultats, ici, à Gennevilliers », clame Grégory Boulord.