EURO 2016. Combien un supporter est-il prêt à dépenser pour soutenir son équipe ? Combien rapporte un match ? Les Français sont-ils les plus radins ? De quelques centaines à des millions d’euros, le business foot remporte toujours la mise. Reportage.
Par Seyni NDIAYE.
80 € pour le transport, 60 € pour le maillot officiel, 10 € pour l’écharpe, 5 € de maquillage, 60 € de nuit d’hôtel par jour, etc. Avec 1000 euros de budget en poche, Wojtek est déterminé à soutenir la Pologne, sans compter ! Selon lui, un bon supporter doit se mettre en condition afin de « d’être en capacité d’encourager son équipe ». Combien coûte alors l’obsession d’un fan pour son équipe ? Ce soir du 16 juin, à l’entrée du stade de France, la place est dominée par une foule inhabituelle de supporteurs en rouge et blanc pour soutenir la Pologne ou en rouge noir et jaune pour soutenir l’Allemagne. Tous prêts à dépenser à flot !
Entre l’hôtel et le stade, Wojtek a déjà descendu un litre de vodka à 15 euros, et la moitié d’une bouteille de whisky au miel à 26 euros, tout comme ses huit copains. Impressionnant, et pourtant il ne laisse presque rien paraître avec son anglais plutôt fluide.
A 00h12 à la sortie du match, Amel, serveuse au stand Carlsberg, témoigne avec ses vêtements imbibés de bière : » J’ai réalisé une caisse de 4 800 euros en 6 heures, avec des bière à 8 euros les 50 cl. Trois quart de mes clients étaient Polonais ».
L’union des associations européennes de football, plus connue sous le sigle UEFA, estime à 1 milliard d’euros les dépenses des supporters venus assister aux matchs. Les recettes de la billetterie de l’Euro 2016 s’élève quant elle de 500 millions d’euros. Les places sont vendues à partir de 25 euros en catégorie 4, jusqu’à près de 900 euros pour un siège en première catégorie lors de la finale.
Raphaël est arrivé il y a deux jours avec un budget de 2000 euros, le supporter allemand a dépensé 150 euros pour assister au match. En lui demandant où et combien il a acheté son grand chapeau de magicien aux couleurs du drapeau allemand, il sourit et répond : « C’est un des cadeaux d’anniversaire que j’ai eu à 11 ans ! ». Avec ses deux amis, il a décidé de retourner à Leipzig, sa ville d’origine, que lorsque « Allemagne aura gagné ! ».
« Je n’ai pas besoin de preuves matérielles pour montrer mon soutien à une équipe », témoigne Étienne 23 ans, étudiant en finance, qui soutient la Pologne. Avec un budget de 300 euros, il a déjà dépensé 120 euros pour son billet de TGV, 55 euros pour sa place pour le match achetée à un vendeur à la sauvette et 24 euros de bière. « Je sens que je vais bientôt dépasser mon budget initial prévu pour le weekend !»
Payer un match, se désaltérer, se restaurer dans un des « snacks stands » prévu à cet effet, ne suffit plus ! Pour ouvrir les portes monnaies des supporters, l’UEFA ruse en promouvant ses « produits officiels » comme le ballon de l’Euro à 130 euros, qui envahit la sortie des portes d’entrées des stades, dès la fin des matchs.
« Les Anglais sont les meilleurs clients, ils peuvent dépenser 250 euros sans soucis ! Les Irlandais sont déjà bien équipés mais ils parviennent quand même à dépenser 150 euros sans soucis ! Les Turcs sont de bons acheteurs très friands des souvenirs. Les Français par contre, eux sont les pires clients ! Ils sont radins, regardent les prix, râlent pour rien et atteignent à peine 15 euros d’achats en moyenne ! », observe Ismaël 23 ans, vendeur dans un des neufs stands des boutiques officielles de l’euro.
Le stand du jeune vendeur réalise en moyenne plus de 200 000 euros de recettes par jour « Notre plus gros chiffre d’affaire pour l’instant était de 270 000 euros lors du match d’ouverture ! C’était la folie ! Les gens se ruaient surtout vers des maillots à 85 euros et le programme officiel de l’euro à 10 euros, je peux en vendre jusqu’à 1000 par jour», poursuit Ismaël.
1000 euros, c’est le budget moyen d’un supporter prêt à encourager son équipe. Pendant ce temps, chacune des équipes touche d’emblée 8 millions d’euros pour avoir été qualifiée. Une victoire en poule rapporte 1 million et un match nul seulement la moitié. Le champion remportera quant à lui encore une fois 8 millions d’euros.
Concernant les retombées économiques pour la France, elle a gagnée 593 millions de dépenses des spectateurs étrangers dans les stades et 195 millions de dépenses dans les « fans zones ». On atteint ainsi les 1,22 milliard d’euros apportés par les acteurs non-Français.
On se posera encore l’éternel question cliché : les français sont-ils des éternels radins ?