COP22. Ecologie et banlieue : même combat ? Dix jours avant l’ouverture de la COP22, le 7 novembre à Marrakech, nous avons rencontré Philippe Rio, maire de Grigny en Essonne et vice-président du Grand Paris Sud (Seine-Essonne-Sénart), chargé du développement durable, de la transition énergétique, du cycle de l’eau et de la biodiversité.
Propos recueillis par Senem Kose (France)
Quels rôles les villes de banlieue ont-elles à jouer en matière de transition énergétique et écologique pour lutter contre les inégalités ?
Les villes de banlieue doivent être exemplaire dans le domaine de la transition énergétique car une nouvelle forme de ségrégation les menace : la ségrégation écologique. Elles doivent prendre conscience que leurs habitants sont les premiers concernés par les pollutions atmosphériques, sonores… A priori, ce n’est pas évident mais souvent les inégalités sociales et écologiques vont de pair. Réduire la fracture énergétique et la fracture sociale, c’est un même combat. A Grigny, par exemple, avec le projet de géothermie, nous apportons une réponse à l’urgence sociale de payer moins cher son énergie, en passant par une énergie renouvelable.
Pouvez-vous nous en dire plus sur les engagements et actions de la ville de Grigny en matière d’écologie ?
Nous avons misé sur l’écologie populaire. Le projet de géothermie permettra de chauffer près de 20.000 personnes en économisant 15.000 tonnes de CO2 par an (soit l’équivalent de 700 voitures en marche 24 heures sur 24) et en diminuant de 25% leur facture énergétique (chauffage et eau chaude). Autre exemple, la biodiversité est présente à Grigny. Nous avons préservé les plus importants espaces lacustres d’Île-de-France, équivalant à 90 hectares de zones humides propices à la flore et à la faune. Une surface exceptionnelle dans notre région urbanisée.
Et sur le territoire de Grand Paris Sud, dont vous êtes le vice-président en charge du développement durable, de la transition énergétique, du cycle de l’eau et de la biodiversité ?
Nous développons aussi deux projets innovants, toujours sur le chauffage : le premier est alimenté par l’incinération des déchets (20% sur la facture et plus de 30.000 tonnes de CO2 par an économisés) et le second par une plus petite unité de chaufferie à la biomasse (incinération de granules de bois).
Qu’attendez-vous de la COP22 ?
La COP 21 vient d’être signée et nous apprenons que 50% des espèces animales ont disparu en trente ans, et que les émissions de CO2 n’ont jamais été aussi importantes dans le monde que cette année. Le paradoxe est terrible. Un seul mot d’ordre : mobilisation générale pour sauver l’humanité ! C’est possible mais les citoyens ont un rôle majeur à jouer : chacun doit faire un travail sur soi pour préserver l’environnement.