A l’occasion de la 3e édition du Mois de l’Economie sociale et solidaire (ESS), plus de 150 manifestations sont prévues en Ile-de-France. Autant de conférences-débats et de séances d’informations que de festivals ou de concerts, tous centrés sur une économie où l’homme est au centre. Retour sur un atelier organisé à Ivry-sur-Seine : « Transformer son association en Scop ».
« Les valeurs restent, les modes d’organisation évoluent ». Telle serait la devise d’une Société coopérative de production (Scop). Au restaurant « La guinguette du monde » à Ivry-sur-Seine, un atelier s’est réuni autour des associations qui souhaitent se transformer en Scop. Les participants sont accueillis autour d’un déjeuner très complet, composé de viennoiseries et de boissons joliment présentées. Dans une ambiance détendue, chacun s’installe autour d’une table et patiente avant le début de l’intervention. Un tour de table est organisé, les présents sont les associations Planète Lilas, Fresnes Service … mais aussi un banquier du Crédit coopératif et des membres du Conseil général du Val-de-Marne…
Après quelques gorgées de café, Paule explique : « étant une association d’insertion par l’activité professionnelle, nos recettes proviennent à 70 % de notre activité économique et à 30 % de subventions, pourquoi ne pas passer en Scop ? ». L’ensemble des participants sont des acteurs d’associations qui désirent s’engager dans une autre forme de mutualisation.
La Scop est une société commerciale qui a les mêmes contraintes de gestion et de rentabilité que toute entreprise. Mais elle a une originalité : ses salariés sont les associés majoritaires en détenant au moins 51 % du capital. « Ses hommes et ses femmes sont au cœur de l’entreprise », souligne Aurélie Falchier, chargée de développement à l’Union régionale des Scop.
Sous le regard attentif et intéressé des participants, l’exploration du système se poursuit. On recense quatre grandes spécificités des Scop : « Les salariés sont propriétaires de leur entreprise appelés associés-salariés, le vote dans les instances de décisions est démocratique : un associé égal une voix, le résultat est partagé équitablement, et enfin le patrimoine collectif est inaliénable », énonce Aurélie.
Sous ce fonctionnement attrayant, les Scop sont encore très peu connues. « Mais elles tendent à se développer progressivement », assure la chargée de développement. Malgré une culture peu perçue, de grands groupes sont des Scop. « Je ne savais pas qu’Alternatives Economiques [le magazine] ou Chèque Déjeuner [société de titre restaurant] étaient des Scop ! », s’étonne Paule. Les Scop sont un réseau très riche et varié en termes de secteurs d’activité, mais elles se doivent d’avoir un point commun : le statut coopératif.
Toute la difficulté et la complexité de transformer une association en Scop réside dans le caractère juridique de l’évolution, mais aussi dans les attentes des porteurs de projet. « Attention : il y a des conditions de réussite indispensables », prévient Aurélie. En effet, il faut évaluer si l’entreprise sera viable sur une longue durée. Ne pas oublier la dimension collective qui rend une Scop si différente d’une entreprise lambda et organiser les compétences que chaque travailleur devra réunir sont autant d’éléments cruciaux pour une bonne métamorphose. Ainsi, un travail en amont est essentiel pour préparer la transformation. Et un audit de l’association est exigé pour établir un diagnostic. L’information des salariés est nécessaire. De même qu’un appui et un suivi juridiques pour encadrer les opérations de transformation.
Les grands acteurs de ce processus, finalement, ce sont les adhérents : « Ce sont eux qui votent la transformation ». Dès que celle-ci est votée, tout un jeu sur la rédaction des statuts se met en route. Qui sera le dirigeant de la Scop ? Combien d’associés-salariés ? Que deviendront les adhérents de l’association ? L’essentiel est que « la forme coopérative pérennise l’œuvre associative dans la solidarité et la mutualisation ».
N’Fanteh Minteh