Le 19 octobre, l’espace Paul-Eluard a accueilli les 4es Assises de la Ville de Stains. Sofien et Lila étaient sur place pour apprécier la dimension citoyenne de la démarche. Reportage.
« Envie de Stains, envie d’avenir » : tel était le slogan des 4es Assises de la Ville de Stains qui se sont tenues le 19 octobre dernier à l’espace Paul-Eluard. Beaucoup de Stanois s’étaient déplacés pour ce rendez-vous majeur. C’est le maire, Michel Beaumale, qui a ouvert les débats en précisant les enjeux : « Nous sommes là afin de faire le point ensemble, à mi-mandat, afin d’évaluer ensemble les réalisations entreprises depuis 2008 ».
Au programme de cette soirée, la diffusion d’un film de 26 minutes, « Paroles de Stanois », qui surprend par l’authenticité de ses propos et son regard lucide sur la situation actuelle. Le film commence d’ailleurs par une parodie de l’émission « Pièce à conviction » qui, voilà deux ans, avait stigmatisé la ville avec son reportage « Anatomie d’une cité de non droit ».
Dans « Paroles de Stanois », aucune zone d’ombre n’est épargnée : insécurité, chômage, action municipale… Les propos qui en sortent sont parfois durs à entendre et étonnants pour un film qui se veut une commande : « Qu’est-ce qu’il y a à faire à Stains ? » s’interroge une femme blonde. Et une autre : « Stains, je me dis, ce n’est pas une ville… Parce qu’il n’y a même pas de centre-ville ! » D’autres sont plus positifs, comme ce jeune qui lance : « Moi, je m’éclate ici ! » « C’est une ville communiste, donc ils sont plus portés vers les cultures », renchérit une jeune fille. Seule ombre au tableau, les prénoms ne sont pas montrés dans le clip. « La municipalité nous a donné carte blanche pour réaliser un film sans tabou ni concession sur la vie des habitants », précise le réalisateur, Vincent Battal, de la société Invidia.
Ce film, et ces Assises, sont l’aboutissement de nombreux mois de concertation avec les habitants. Les élus se sont rendus durant huit mois dans les quartiers, lors de dizaines de rencontres, pour parler du bilan de la municipalité, « mais aussi et surtout pour écouter et trouver avec chacun les moyens de mieux lutter ensemble contre les problèmes de quotidienneté et, plus largement, contre ces politiques actuelles qui cassent les individus, dégradent le lien social et nos conditions de vie », explique le maire.
C’est ensuite Pierre Billaut, de la société Enquête et opinion, qui a présenté une étude réalisée auprès de 50 habitants sur le ressenti sur leur ville : « Beaucoup de choses se retrouvent dans le film, indique le directeur de l’institut de sondage : le sentiment d’une ville qui stagne et se détériore ».
Le débat s’est poursuivi autour de deux tables-rondes : la première portant sur la communauté d’agglomération Plaine commune, la seconde sur le rôle des instances consultatives citoyennes. A la fin de chacune, les Stanois furent invités à prendre la parole et à poser des questions.
Michel Beaumale a conclu les débats en affirmant les grands axes de la politique municipale pour les trois prochaines années : relance de la démocratie participative (notamment en travaillant au renouvellement des members du Conseil stanois de la réussite, du Conseil consultatif des seniors et du Conseil consultatif de la jeunesse), « tranquillité et vivre ensemble » (montée en charge de la police municipale, création d’un Observatoire de la tranquillité publique, actions de médiation, reconquête des halls d’immeubles…), promotion sociale des habitants (par exemple, avec la montée en charge du Contrat local étudiant) et poursuite de la transformation de Stains.
A la sortie, certains Stanois regrettaient le manque d’interaction dans ces échanges. D’autres en ont profité pour exprimer leur mécontentement, mais beaucoup ont aussi apprécié la démarche. Mohamed, qui habite la rue Carnot depuis 23 ans, voit ces assises « comme une volonté d’aller de l’avant » et ajoute : « C’est vrai qu’il manque beaucoup de choses, mais c’est par la solidarité qu’on pourra s’en sortir ». « Les gens se plaignent tout le temps, mais la mairie ne peut pas tout faire, et Stains n’est pas la ville la pire du 93 », renchérit Clémence, stanoise depuis 35 ans. Avant de conclure : « Stains est une ville où je me sens bien » .
Lila Ferguenis et Sofien Murat