Depuis la révolution en 2011, des clubs de journalisme citoyen naissent un peu partout sur le territoire tunisien. Longtemps isolés, les régions rurales découvrent aujourd’hui la liberté d’expression. A Makthar nous sommes allés à la rencontre de jeunes reporters citoyens.
Par Hélène Aury
Trois heures de route pour faire 170km. Au sud de Tunis, Makthar, ville de 15 000 habitants est située au coeur de la campagne. Nous arrivons à la maison des jeunes où des journalistes citoyens locaux nous attendent. Badis Belguit, coordinateur et rédacteur en chef de Maktarisnews. nous emmène dans la salle de conférence de rédaction. La mission, en partenariat avec Nawaat (média citoyen tunisien), consiste à développer un réseau de journalisme citoyen à travers tout le pays, notamment dans les régions marginalisées. Depuis la révolution en 2011, des activités naissent un peu partout sur le territoire avec une réelle volonté de transmettre l’analyse de l’information, de donner plus d’importance au regard des citoyens et de créer de nouveaux médias critiques.
Si au début de l’aventure, les conditions de travail étaient difficiles (pas de locaux, ni d’internet), aujourd’hui l’activité de leur site web dénote d’une vraie effervescence. « On devait hacker les codes internet des cafés pour pouvoir nous informer et écrire nos articles« , raconte Badis. Bilel, une jeune journaliste citoyen nous décrit avec nostalgie : « la cohésion du groupe est née avec ces conditions très dures. » « Aujourd’hui, les jeunes ne restent pas à Makthar, ils partent dans les plus grandes villes sur le littoral pour étudier, ce qui nous oblige de changer sans cesse notre équipe », ajoute Badis.
Pour les nouveaux, la réputation est déjà faite, ils doivent vite apprendre les billes du métiers, car des chaînes nationales appellent parfois lorsqu’elles ont besoin d’informations et d’images locales. Ces structures sont aujourd’hui considérées comme de véritables formations audiovisuelles qui permettent un maillage journalistique de la Tunisie.
Pour observer l’impact de ce nouveau média au sein de la population : direction le centre-ville, au marché. Sur le trottoir, une femme presse des grains de pins pour un dessert, tandis que sur un terrain vague des ânes patientent adossés à leur charrette, alors qu’à quelques pas de là Bilel interview des passants. Très vite un attroupement se forme autour de nous. Les gens se bousculent pour parler devant la caméra, avoir l’occasion de s’exprimer sur le gouvernement actuel, sur la nouvelle constitution et sur les problèmes d’infrastructure qui ne sont pas toujours réglés.
La liberté d’expression est en marche !
Pour suivre les jeunes du club de Makthar : blog Maktarisnews