La révolution égyptienne aura été l’actualité forte de ce forum. Au-delà de l’émotion, elle n’a pourtant pas influé fortement sur les débats et les réflexions.
« Dégage Moubarak! » : le peuple égyptien a poursuivi sa lutte durant tout le Forum social mondial. Jusqu’à sa victoire, concrétisée par la démission de Moubarak et annoncée quelque minutes avant la cérémonie de clôture du FSM. Celui-ci a-t-il constitué une opportunité pour étendre le mouvement aux pays voisins ? Les égyptiens sont très peu nombreux sur le Forum. « Il n’est pas facile de quitter le Caire en ce moment, leur place est à Tahrir plutôt qu’à l’étranger », explique Mohamed, directeur de campagne marocain. A l’inverse, les délégations marocaines sont multiples. En les interrogeant, ils sont peu bavards sur cette révolution au pays des pharaons. Mais une chose est sûre : « Si ça continue, cette révolution va finir par atteindre le Maroc, car les élections approchent », assure Hicham, qui milite dans une fédération marocaine des initiatives locales.
Du côté des stands, des tables rondes et des conférences, la situation de l’Égypte n’est pas au cœur des effervescences du FSM. Une initiative intéressante a tout de même été tentée : un duplex avec les manifestants grâce à une connexion Skype. Du fait de problèmes techniques, il s’est transformé en conférence téléphonique. Le journaliste sur place a interrogé de jeunes manifestants. « On se bat pour la dignité et la justice sociale ! », scandent-ils. « Comme il y a une présence internationale 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, le gouvernement ne peut pas tuer les gens comme il le voudrait », précise un manifestant. Ce sont des jeunes tenaces, qui ont maintenu la pression jusqu’à ce que Hosni Moubarak quitte le pouvoir. L’idée de ce duplex illustre la volonté de faire converger cette révolution avec les débats sur la démocratie organisés dans le cadre du Forum social mondial.
Si l’Egypte n’a pas été au cœur des débats, c’est aussi parce qu’une autre préoccupation s’est révélée dans la sphère arabe : les Sahraouis. Ils ont fait l’objet d’attaques et de violentes confrontations de la part des Marocains. La rivalité est forte, et le dialogue ne s’établit pas. « Le FSM représente pour eux une opportunité de s’exprimer, car sur leurs terres, ils ne peuvent pas », explique Mohamed. Le jeudi 10 février, les deux camps ont manifesté silencieusement côte à côte avec pour seule barrière un trottoir.
N’Fanteh Minteh