Pour dénoncer les violences faites aux femmes, l’exposition « En chemin elle rencontre… » a été présentée à la fête de l’humanité, avant de poursuivre sa route dans les écoles, les entreprises, les associations… Visite guidée dans une sphère encore trop normalisée.
Par Salma Sarwar
« C’est pas sa faute, c’est la mienne », peut-on lire sur l’une des affiches de l’exposition « En chemin elle rencontre… », consacrée aux violences faites aux femmes dans le monde. Celle-ci était présentée à l’occasion de la Fête de l’Humanité du 13 au 15 septembre 2013 à l’espace livre de la halle Nina Simone. Inspirée d’une bande dessinée qui porte le même nom, elle relate des faits réels vécus par différentes femmes. L’ouvrage édité et coordonné par Marie Moinard, victime elle aussi, a donné naissance à cette exposition qui s’adresse à tous les publics.
Sur une quinzaine d’affiches, on peut ainsi s’abandonner à une réflexion sur le harcèlement au travail, la violence conjugale, la prostitution, le viol, l’excision, la lapidation, le mariage forcé ou encore la déclaration des droits de la femme et de la citoyenne d’Olympe de Gouge… « Chaque affiche est différente mais ce que j’aime le plus c’est ce dessin montrant le corps d’une femme meurtri par des coups », souligne avec émotion une jeune femme. « C’est un sujet souvent tabou ». Pour Amnesty International France, partenaire de l’exposition, « les atteintes contre les femmes sont des atteintes à leurs droits fondamentaux », lit-on sur l’une des affiches.
Entre deux séances de dédicaces, Marie Moinard rappelle que « l’idée de la BD était avant tout d’ informer tous ceux qui ignorent ces violences et particulièrement les filles. Souvent celles qui sont concernées ne se rendent même plus compte qu’elles sont soumises, qu’elles sont victimes de violences et qu’il y a des choses qui sont totalement anormales. C’est vraiment pour qu’elles reprennent conscience. Il y a tout un travail à refaire… Or aujourd’hui nous sommes dans une situation très régressive ! » L’auteure souhaite aussi que ce projet réveille les consciences de tous, mais surtout celle des éducateurs et des parents.
Pourquoi un titre aussi énigmatique ? « En chemin elle rencontre » est extrait d’une chanson paillarde chantée par les jeunes en colonie de vacances. Marie Moinard nous cite alors ce passage très choquant ; « En chemin elle rencontre quatre jeunes et beaux garçons, le premier un peu timide lui chatouillât le menton, le second un peu moins sage lui souleva le jupon, le troisième encore moins sage la coucha sur le gazon, ce que fit le quatrième n’est pas dit dans la chanson… ». « C’est le récit un viol collectif, constate l’auteure. Et il y a pas mal de chansons comme ça, par exemple « Le Meunier bat sa femme ». »
L’exposition est louée régulièrement par de grandes entreprises, des associations, des collèges et lycées où elle donne lieu à des débats enrichissants ; « sujet important, mais qui ne semble pas majeur pour la société », regrette Marie Moinard.
Prochaine destination : le Festival de la bande dessinée d’Angoulême en janvier 2014 au tribunal de grande instance…