Depuis deux ans, chaque samedi après-midi, des militants d’ATD Quart Monde organisent dans le Val-d’Oise (en Île-de-France) des animations à destination des enfants d’un bidonville. Lecture, sport ou encore bricolage : il s’agit d’offrir un peu de répit à ces enfants qui connaissent des conditions de vie difficiles.
La butte de Montarcy est un large terrain vague qui s’élève au-dessus des champs de maïs de la commune de Méry-sur-Oise (Val-d’Oise). Une quarantaine de familles roms y ont pris place depuis dix-huit ans, créant un bidonville et reconstituant ainsi une partie de leur village en Roumanie. Elles y vivent avec un unique point d’eau, à 800 mètres de leurs habitations, sans chauffage ni électricité.
Une nuée de gamins fait office de comité d’accueil
À trois kilomètres de là se trouve le centre international d’ATD Quart Monde, où repose le fondateur du mouvement, Joseph Wresinski, à l’origine de la journée mondiale du refus de la misère. Janine, Lamine et Pascal, trois militants de l’ONG, se rendent régulièrement sur la butte pour soutenir les familles. Les samedi après-midi, ils mettent en place des ateliers ludiques et une bibliothèque de rue, au cœur du bidonville. Janine gare sa Clio rouge au pied de la butte, là où un minibus du Secours Catholique propose le ramassage scolaire que la mairie refuse de prendre en charge. Les bras chargés de sacs, les trois compagnons d’ATD grimpent à pied les 500 m de pente qui les séparent des habitations de tôle.
À la mi-chemin, on entend déjà les cris et les rires des enfants, comme aux abords d’une cour d’école. Une nuée de gamins fait office de comité d’accueil. Pascal est assailli par deux petites filles qui trépignent d’impatience. Il est obligé de déballer son sac de livres. Il s’accroupit et démarre la lecture de Rafara, un conte africain. Pendant ce temps, Lamine s’illustre auprès des garçons, ballon au pied. Janine, pour sa part, discute avec une mère de famille qui lui expose ses problèmes de santé.
Un risque de saturnisme
Avant de démarrer l’atelier, l’usage veut que les visiteurs fassent le tour du pâté de maison pour s’annoncer auprès des habitants. En ce moment, l’ambiance est solennelle dans le campement car une habitante est à l’hôpital. Janine entreprend la tournée du bidonville, entourée d’une demi-douzaine d’enfants. Les portes des baraques s’ouvrent une à une pour laisser s’échapper un « Bonjour Janine ! ». Quelques personnes l’arrêtent pour lui faire part de problèmes administratifs. La militante promet de régler cela dans la semaine.
Ce qui la préoccupe depuis plusieurs mois, c’est la question du saturnisme. Une étude de l’agence régionale de santé a révélé qu’une quarantaine d’enfants étaient intoxiqués au plomb. La butte de Montarcy se trouve à proximité d’une zone d’épandage qui a reçu les eaux usées de Paris pendant des décennies. La terre, tantôt poussiéreuse, tantôt noire et humide sur laquelle gambadent les culottes courtes du campement risque de leur causer des anémies et des retards de développement.
Un moulinet à vent aux couleurs du drapeau roumain
Sur une bâche recouvrant le sol, l’atelier loisirs créatifs peut commencer. Le défi du jour : fabriquer un moulinet de papier. Lamine distribue des carrés de papier carton. La première étape consiste à les personnaliser. Les plus petits, qui ont entre 6 et 8 ans, dessinent des fleurs, des papillons, des arbres ou des escargots. Maria, en classe de CM2, débarque en survêtement noir, une casquette noire visée à l’envers. Elle se cache pour écrire un texte sur son carton. Versus, 12 ans, est le plus grand. Il n’habite pas sur le camp mais vient régulièrement rendre visite à sa famille. « J’ai un nom de bagarre », explique-t-il. Il a décidé de colorier son moulinet en bleu, jaune et rouge, les couleurs du drapeau national roumain.